Homélie par le pasteur Joël Pinto, L’Ascension, le 13 mai 2021

Homélie par le pasteur Joël Pinto, L’Ascension, le 13 mai 2021

ASCENSION Eph 1, 17-23; Act 1, 1-11 et Lc 24, 44-53
Nous venons d’entendre ce passage de l’Évangile de Luc, où l’on peut lire que Jésus, après avoir bénit ses disciples, se sépara d’eux et fut emporté au ciel.

Luc se réfère encore à l’ascension, au début du Livre des Actes des Apôtres, pour souligner qu’un tel événement est comme le lien qui unit la vie terrestre de Jésus à la vie de l’Église. Il signale le nuage qui soustrait Jésus à la vue de ses disciples et les deux hommes qui apparaissent en robes blanches et les invitent à ne pas rester immobiles, en train de contempler le ciel, et annoncent la promesse que Jésus reviendra de la même manière qu’ils l’ont vu monter au ciel. Par conséquent, la célébration de la fête de l’Ascension du Seigneur, est pour nous un chant de victoire et d’espérance !

La couleur blanche représente, d’après le symbolisme biblique, l’univers de Dieu.

Il y a un lien évident entre ces deux hommes en robe blanche et les deux hommes aux vêtements éblouissants qui apparaissent dans la tombe de Jésus, le jour de la Résurrection. Les paroles prononcées par ces deux hommes constituent l’explication de Dieu pour l’absence du corps du crucifié : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité » !

Maintenant, avec le regard de la foi, les apôtres comprennent que, bien que Jésus soit soustrait à leurs yeux, il reste pour toujours avec eux et, dans la gloire du Père, ne les abandonne pas. Voilà pourquoi l’Ascension n’indique pas l’absence de Jésus, mais nous dit, bien au contraire, qu’Il est vivant parmi nous d’une manière nouvelle. Il ne se trouve pas dans un lieu spécifique, dans le monde, comme c’était le cas auparavant, mais il est maintenant dans la Gloire de Dieu tout en étant mystérieusement présent dans l’espace et le temps, proche de chacun de nous. C’est bien ce que nous signifions en récitant le credo quand nous disons que Jésus « est monté au Ciel, qu’il s’est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant ».

Cette fête nous invite également à être des témoins de Jésus, qui vit dans le Ciel, dans l’Église et dans le cœur de chacun de nous.

Le jour de l’ascension de Jésus nous apprenons que les disciples ont regagné Jérusalem pour ensuite aller proclamer partout le message de Jésus.

Avec cela, nous observons encore que l’Ascension de Jésus n’indique pas son absence temporaire du monde, mais inaugure surtout la forme nouvelle et définitive de sa présence parmi nous, en vertu de sa participation à la Gloire divine. Les disciples, renforcés par la puissance de l’Esprit Saint, sont chargés de rendre perceptible la présence du Christ parmi les hommes par le témoignage, la prédication et l’engagement missionnaire.

Pour nous, la fête de l’ascension a trois aspects très importants :

• Le premier, c’est la certitude que, aussi incertaines et dénuées de sens que la réalité et notre vie apparaissent souvent, il y a un Seigneur dans le ciel, qui a tout, avec amour et puissance, entre ses mains. Rappelons-nous les paroles de la lettre aux Ephésiens, que nous avons entendue tout à l’heure : « sachez qu’elle immense puissance Dieu a déployé en notre faveur, à nous les croyants : son énergie, sa force toute puissante, il les a mises en œuvre dans le Christ lorsqu’il l’a ressuscité des morts et fait assoir à sa droite dans les cieux, bien au-dessus de toute Autorité, Pouvoir, Puissance, Souveraineté et e tout autre nom qui puisse être nommé, non seulement dans ce monde, mais encore dans le monde à venir ». Il n’y a donc rien à craindre. En ressuscitant Jésus et en le glorifiant, Dieu nous révèle l’étendue de sa force : votre Seigneur est celui qui dirige tout, désormais. Vous et le monde dans lequel vous vivez, vous et l’histoire dans laquelle vous agissez, vous êtes entre les mains de celui qui est assis sur le trône, à droite du Père !

• Le second, nous révèle, alors que nous regardons vers le ciel, que le ciel est finalement en chacun de nous et que Celui qui se dérobe à nos yeux reste, malgré tout, présent dans nos vies. Par conséquent, nous sommes membres du Corps du Ressuscité, appelés à partager sa gloire. Telle est notre assurance.

• Nous sommes, enfin, appelés à témoigner courageusement de cette promesse devant le monde, en apportant l’espérance à ceux qui souffrent, aux abandonnés, aux désespérés, à ceux qui cherchent un sens pour leurs vies…

Comme les disciples, en acceptant l’invitation des « deux hommes en costumes brillants », nous ne devons pas rester les yeux fixés sur le ciel, mais, sous la direction de l’Esprit Saint, accepter d’être appelés à consolider notre foi en la présence réelle du Christ dans l’histoire, présence agissante, se déployant dans nos propres vies, gage d’un monde nouveau, transfiguré par l’amour. Car, sans cette présence agissante du Christ ressuscité nous ne pouvons rien construire de solide dans notre histoire humaine. Bien qu’avec nos yeux de chair nous ne puissions pas contempler le Seigneur dans sa gloire, nous pouvons, soutenus par l’Esprit Saint et avec les yeux de la foi, être sûrs que ce monde et notre vie ont un sens et que l’avenir repose sur une espérance.

Joël Pinto

Homélie par Jean-Philippe Calame, le 13 juin 2021

Homélie par Jean-Philippe Calame, le 13 juin 2021

Mes sœurs, mes frères,
                                      I
Le règne de Dieu est comparable à une graine qui pousse invisiblement ; il est encore semblable à la plus infime des graines. Ces deux paraboles bien connues devraient à tout le moins nous redonner une certaine liberté de pensée et surtout de nouveaux critères d’appréciation par rapport à une forme de dictature exercée continuellement sur nous depuis de nombreuses années. Je veux parler de la manie des sondages et des évaluations chiffrées, qui n’accordent de l’importance qu’à ce qui représente des succès immédiatement visibles. On n’accorde du crédit qu’à ce qui attire les foules, à tout ce qui s’impose par de l’ampleur : croissance fulgurante en entreprise, affluences records lors d’un spectacle, milliers de « likes » accordés à une vidéo ou un tweet posté sur internet, etc….

Assurément, le règne de Dieu n’obéit pas à ces critères. Plutôt comparable à une germination, le règne de Dieu connait des étapes tout à fait invisibles, et en termes d’influences il se présente comme la réalité la plus infime, même si à terme il se révélera d’une ampleur que nous ne pouvons imaginer ou concevoir.

Le règne de Dieu est donc en rupture avec le besoin très marqué de « signes », ces attestations fort réclamées à l’époque de Jésus. Le règne de Dieu tranche tout autant avec notre hantise actuelle à mesurer non seulement le succès, mais la légitimité de toute initiative ou créativité à des résultats quantifiés, à une croissance rapide, à une visibilité immédiate.

Bonne nouvelle donc : ce qui demeure, parfois longtemps, invisible et humble, peut tout à fait être consistant, légitime et parfois essentiel ! La méditation et l’assimilation de l’évangile devraient nous redonner de l’espace, nous affranchir de la pensée unique, et comme l’exprime l’apôtre Paul, fonder solidement une authentique espérance.

                                     II
Parmi nous se trouvent aujourd’hui des sœurs et des frères qui se sont engagés sur un chemin exigeant, humble, et qui représente un véritable défi de confiance, le chemin vers le pardon : un pardon, des pardons que l’on veut donner sur des points précis où certains de nos semblables nous ont profondément blessés. Parmi les obstacles que l’on rencontre sur ce chemin, il y a cette petite voix insistante qui voudrait évaluer notre capacité à pardonner ou quantifier notre désir de pardonner.
Cela peut prendre la forme de deux questions assez paralysantes : « Est-ce que j’arriverai à pardonner ? »
et « Est-ce que j’ai le désir de pardonner ? ». Derrière ces deux questions se déploie en toile de fond la fameuse question de l’authenticité ! Le pardon que je vais accorder sera-t-il sincère, alors que je souffre encore de ce qui m’a blessé ? Et le pardon que je vais accorder sera-t-il donné avec mon cœur, alors que mon désir de pardonner me semble encore si ténu, si fragile ?

Ces questions sont sérieuses, et elles habitent des cœurs qui ont une belle sensibilité. Mais l’adversaire excellera à nous présenter ces questions à sa manière, c’est-à-dire de manière à nous décourager !
Or, la réponse de fond à ces questions sera de se rappeler que le pardon appartient au règne de Dieu. Le pardon n’est pas une œuvre à taille humaine. Le pardon que je peux donner un jour en toute sincérité en tant qu’être humain est un fruit qui germe et éclot dans le terreau de l’alliance : le pardon naît de la rencontre entre l’œuvre du Christ et le oui de sa disciple, de son disciple. C’est parce que Dieu règne que le pardon peut fleurir dans un cœur humain, même très bouleversé.
Les deux paraboles écoutées ce matin nous parlent du règne de Dieu, elles peuvent donc éclairer notamment le pardon, cette expression privilégiée du règne de Dieu. Reprenons nos deux questions : «Le pardon que j’aimerais accorder un jour sera-t-il donné de tout mon cœur, alors que mon désir de pardonner me semble si ténu, et si incertain ? » Ici, la parabole de la graine de moutarde ouvre une perspective. À sa manière elle nous dit :
– Considère d’abord comme une merveille que, si petit soit-il, le désir de pardonner commence à poindre. Reconnaît cela, vraiment. Ton désir de pardonner se présente-t-il aussi petit que la plus petite graine ? Confié au terreau de l’alliance, confié au règne de Dieu dans le présent, cette petite pousse de désir deviendra comme la plus grande des plantes potagères, et comme elle produira des effets dont beaucoup bénéficieront.
Quant à l’autre question : « Est-ce que j’arriverai à pardonner ? ». La parabole de la graine qui pousse hors de notre vue peut t’encourager dans la durée. À sa manière, cette parabole te dit : « Tu as pris le chemin, tu es sorti pour semer cette graine si particulière qu’est le pardon. Tiens-toi proche du semeur en son espérance … ´nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment´. L’œuvre que le Christ a commencé au plus profond de toi, il a la force de la soutenir et la fidélité de la mener jusqu’au bout. »

                                     III
Oui, notre Seigneur, qui nous a donné le jour, ne cesse de nous vouloir vivants (et non pas à demi-vivants) ! Ezéchiel aussi nous rappelle ce matin que notre Dieu est plus grand que tout déterminisme. Pour nous le rappeler, Ezéchiel s’appuie sur une autre image saisissante de la nature : vous savez, ces petites pousses que l’on peut observer à la cime de vieux arbres. Au haut d’un conifère, d’un sapin, d’un cèdre, apparaît tout à coup comme un petit arbre en miniature, dont la jeunesse se signale par une couleur plus claire et plus intense, et dont la vitalité nous surprend.

Ezéchiel nous fait comprendre : qu’il s’agisse d’une dynastie prestigieuse ou d’une dictature indéboulonnable, que l’arbre tordu ou irrégulier représente une histoire de famille compliquée ou un parcours personnel dramatique, douloureux ou chaotique,… face à tout cela notre Dieu demeure souverain, il n’est ni impuissant ni insensible devant ce que nous voyons comme des déterminismes.  « À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée… (la montagne très élevée symbolise un lieu de la présence de Dieu, le fait qu’il est présent). Cette pousse replantée portera des rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de ses branches ils habiteront ». Notre Dieu est maître de la vie, il est le Seigneur des nouveaux départs, il est l’initiateur inlassable de nouveaux commencements.
Rien ne peut empêcher le Seigneur, en son amour, de renverser ce qui paraît définitif, d’apporter un changement radical à ce qui se présente comme scellé : «je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Je suis le Seigneur, j’ai parlé, et je le ferai. »

C’est avec ce Seigneur que nous marchons vers le pardon que nous voulons donner. C’est avec ce Seigneur que nous affrontons les questions les plus délicates et les plus décisives dans nos existences personnelles, communautaires et humanitaires. En chemin avec Dieu nous apprenons que les plus importantes réalisations ont des débuts très modestes, une germination invisible. En chemin avec le Christ nous éprouvons que notre cœur peu à peu se remet à battre, qu’il devient brûlant, qu’une confiance est là tout à coup qui nous étonne, comme une fleur humblement apparue à l’aube.
« Par d’autres et nombreuses paraboles semblables, Jésus nous annonce la Parole, dans la mesure où nous sommes capables de l’entendre. Avec en plus la promesse de nous expliquer en particulier à certaines heures, comme un Ami parle à ses ami-e-s ».

Amen.

Homélie par la pasteure Aline Lasserre le 24 juin 2021

Homélie par la pasteure Aline Lasserre le 24 juin 2021

Lectures bibliques :
Malachie 3, 1 à 4 et 22 à 24 : appel à se repentir et nouvel envoyé
Luc 1, 67 à 80 : cantique de Zacharie
Prédication : Silence de Zacharie et parole.

Je l’attendais mon homme, moi Elisabeth et il ne venait pas.
J’avais préparé le repas et je tournais un peu en rond, comme on le fait quand on sait que ce n’est pas la peine de se mettre à un ouvrage parce qu’il faudra s’interrompre sans tarder. Et tout à coup la porte s’est ouverte, mais ce n’était pas Zacharie, c’était Simon qui avait couru pour me prévenir en me disant : Zacharie a certainement eu une vision dans le temple et il ne parle plus. Simon c’est le fils de nos voisins, sa mère était toute jeune quand elle lui a donné naissance et nous avons souvent accueilli ce petit enfant qui est devenu pour nous comme un fils.
Un fils que nous n’avons pas eu et que nous n’aurons jamais, hélas.
Simon a bien rempli ce vide de nos cœurs et depuis 12 ans, je pense qu’il ne se passe pas 2 jours sans que nous ne le voyions venir en quête d’une réponse, d’un câlin ou juste d’une présence.
Il me connait bien Simon, il a pensé que je serai inquiète alors il est venu me prévenir.
Moi je savais que c’était le tour de Zacharie d’entrer dans le sanctuaire du temple pour porter à Dieu l’offrande du peuple, c’est un honneur et Zacharie était déjà ému quand il était parti ce matin pour le service du temple-
Zacharie, mon homme, porte bien son nom : Le Seigneur se souvient. Il remplit son office de prêtre en rappelant inlassablement au peuple que le Seigneur ne nous oublie pas, qu’il se souvient de ses promesses et de son alliance de toujours à toujours.
Il le dit et le redit en préparant les sacrifices au temple sous les portiques, le Seigneur ne cessera pas de nous visiter, il l’a promis par la bouche des prophètes, il déversera sur nous sa bénédiction en abondance, c’est le prophète Malachie qui le dit, mais il voit bien Zacharie que son peuple n’en est plus si sûr; les conflits, les malheurs font taire l’espérance. L’insécurité est grande et chacun peine au quotidien, comment faire des projets quand on ne peut même plus espérer que demain sera un jour meilleur ?
La violence est à fleur de peau dans tous les clans, on n’ose même plus exposer son point de vue sans craindre des représailles.
Zacharie est rentré, il m’a longuement regardée et moi aussi vous pensez bien que je l’ai regardé. Dans son regard, il y avait un mélange de lumière, de surprise encore et de gêne aussi.
Alors il a pris ma main, on s’est mis à table et il a souri.
Zacharie et moi nous formons un vieux couple, on sait aussi se comprendre sans parole, c’est ce que j’ai pensé ce 1er soir, je n’imaginais pas que ce silence allait durer et qu’il allait nous transformer en nous façonnant tous les deux.
Bien sûr il y avait la tablette où les mots prenaient le relais, mais que sont les mots sans expression ni émotion ?
Comment comprendre ces deux mots que Zacharie venait d’écrire en glissant sa tablette sous mes yeux, juste avant de quitter la pièce, silence = punition ?
Zacharie avait reçu une parole, un signe, une visitation de l’ange du Seigneur et il n’avait pas voulu, peut-être pas pu croire en Sa parole.
Peu à peu, j’ai compris que ce silence-là, n’était pas que punition, Dieu s’en servait et ce silence est devenu un cadeau.
Parler tout de suite n’aurait pas été approprié, un peu comme quand on fait retraite et que le Seigneur parle en nos cœurs, il faut garder le temps de recevoir les mots pour comprendre et pouvoir ensuite rendre compte de ce qui est survenu.

Moi aussi je me suis tue quand j’ai perçu dans mon corps que se réalisait l’annonce tant espérée et attendue. Moi non plus je n’ai pas cru, moi qui me croyait femme de foi, inébranlable, j’ai même un peu honte de vous le dire mais au Seigneur j’ai dit que : c’était trop tard, que c’était avant qu’il fallait nous répondre…Au fond ce long silence nous fait du bien parce que Dieu seul a repris la parole faisant taire en nous nos ennemis intérieurs.
Chacun de nous a les siens, c’est sûr, moi je ne les avais pas repérés si nombreux, me tenant captive, j’avais imaginé être une femme libre, une fidèle du Seigneur et voilà que je me trouvais honteuse, craintive du jugement des autres.
Moi la femme croyante, je découvrais que l’incrédulité l’emportait sur ma foi, ce n’est pas si simple de rester ancrée en Dieu et solide dans sa foi quand survient l’inimaginable ou l’épreuve soudaine et il m’a fallu un long temps pour comprendre que foi et incrédulité, foi et doute, s’entremêleront toujours.

C’est quand Marie est arrivée que les choses ont commencé à changer.
Marie c’est ma cousine et sa venue m’a tant réjouie que longuement je l’ai serrée contre moi, alors l’enfant que je portais a tressailli de joie et cette joie s’est répandue dans mon corps et dans mon cœur, je l’ai sentie comme nulle autre joie, c’était la joie du ciel en moi, une joie tellement forte qu’elle a chassé tout ce qui en moi y faisait obstacle jusque-là. C’est la 1ere fois que mon prénom s’illustrait si bien : Mon Seigneur est plénitude.
Le regard de Zacharie devenait toujours plus lumineux, comme s’il était tout à fait normal d’être réduit au silence et je les entendais rire Marie et lui, complices comme toujours.
Marie est repartie et notre enfant est né.
Juste avant que la maison ne se remplisse de la présence joyeuse, bruyante et affectueuse des voisins et de la parenté, Zacharie a posé sa main sur le front de l’enfant et sur mon front, il a fermé les yeux et c’est comme si je l’entendais faire monter sa louange au Seigneur qui fait grâce, ce sera le nom de l’enfant.
Alors ils sont venus pour marquer l’enfant du signe de son appartenance à Dieu, ils voulaient l’appeler Zacharie comme son père, mais moi j’ai dit que son nom était Jean.
Ils ont eu de la peine à me croire, aucun de nos ancêtres ne s’appelle Jean, alors ils ont interrogé Zacharie qui l’a confirmé par écrit.
Et c’est en traçant son nom : le Seigneur fait grâce que la parole lui est revenue. Dans le silence soudain les mots de Zacharie se sont posés dans nos cœurs comme une prière : Béni soit le Seigneur …

« Béni soit le Seigneur » ce sont les 1ers mots de nos matins et les derniers de nos soirs. Ces 1ers mots de bénédiction ont retenti comme les mots de la libération, non seulement de Zacharie, mais de nous tous.
Le Seigneur nous emplit de sa bénédiction, il nous comble d’une espérance nouvelle. Il nous libère pour que nous puissions lui rendre notre culte, que nous puissions en toute liberté faire monter vers lui notre louange, je réalisais que personne jamais n’aura prise sur cette liberté que le Seigneur nous donne pour le louer et vivre de sa présence.

C’est vers ce Seigneur que Zacharie nous a de suite orientés.

« Béni soit le Seigneur qui a visité son peuple ». Souvenez-vous,
plusieurs fois au temple je vous ai dit que le Seigneur ne cesse de nous visiter, maintenant c’est par un petit enfant qu’il vient nous le dire. Alors asseyez-vous, faites silence vous aussi et vous comprendrez ce que l’Esprit viendra annoncer en vos cœurs.
Dieu ne se contente plus de poser sur nous son regard, non, maintenant il va venir nous libérer de nos ennemis et nous permettre à tous de l’adorer en esprit et en vérité.
Ce petit enfant qui vient de naître sera chargé de nous le rappeler, le Seigneur nous l’envoie pour nous ramener à lui, inlassablement, et préparer le chemin du Messie, car Il va venir et il vient Celui que nous attendons, le Sauveur et le Seigneur du monde.

Aujourd’hui, accueillons ensemble cette promesse qui se réalise déjà et nous invite à louer notre Seigneur qui vient nous libérer de la désespérance, de la peur et de l’inertie en orientant nos regards vers le Christ, astre venu d’en haut pour éclairer nos routes et dissiper nos ténèbres,
C’est lui, le Seigneur, qui sera notre lumière de toujours à toujours et qui nous mènera vers un juste chemin, sur le chemin de la paix-
Amen

Aline Lasserre , Grandchamp 24 juin 21