Homélie du pasteur Jean-Pierre Roth, le 9 juin 2024

Homélie du pasteur Jean-Pierre Roth, le 9 juin 2024

Textes : Genèse 3, 9-15 ; II Cor 4,13 -5,1 ; Marc 3,20-35

1. Introduction

Voilà trois textes qui nous rendent attentifs et attentives à notre look, aux vêtements que l’on porte plus précisément et à notre demeure, notre habitat. Dans les premiers chapitres de la Genèse dont nous venons d’entendre un extrait de l’expulsion de l’homme et de la femme du jardin d’Eden, on peut comprendre que sans vêtement tout va pour le mieux mais qu’avec on prend conscience des risques de la connaissance du bien et du mal, lié dans ce récit à un lieu topologique, relatif au lieu où on habite. Autrement dit au contexte environnemental.
Dans le texte aux Corinthiens, 2ème épitre, Paul est clair, notre vie personnelle est comparée à une demeure et à un vêtement deux choses dont on ne saurait se passer aux quotidien. Montre-moi où tu habites et je te dirai qui tu es ? Qui se cache derrière ta cravate, ton foulard, ou autre look ? Qu’elle personnalité ?
Et dans le texte de l’évangile, Béelzéboul, donc Satan est en jeu. Du reste Béeluzéboul, justement signifierait littéralement : maître des demeures. Celui qui prend possession de l’environnement intime. Va s’immiscer dans les armoires aux garde-robe, aux penderies de complet-veston afin de tout faire non pas pour revêtir les locataires de ces logements, du St-Esprit, contre lequel, Béelzéboul est impuissant, ne peut rien, mais pour tenter de faire de ses locataires des demeurés, des aliénés au pouvoir de Satan.
À partir de cette constatation, je vous propose de faire un petit tour, autour de cette confession de Paul du texte : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé nous croyons, nous aussi, et c’est pourquoi nous parlons. » Autrement dit, avec le même Souffle qui fait vivre notre foi, notre confiance en Dieu, selon les Écrits, nous constatons que Celui-ci habite notre demeure. Et parce que j’ai cru, je peux en parler, confesser ma foi. Sortir de ma demeure non contaminée pour témoigner.

2. Parler de quoi au juste

Mais parler de quoi au juste ? Et bien quant à moi, lorsque je crois, je parle de sainteté, au sens de mis à part. Être saint c’est être mis à part, canonisé dirait nos frères et sœurs catholique. L’état de sainteté c’est être séparé de… mis de côté, en dehors de, à part du monde qui grouille de toutes les tentations, les déviances du bon sens spirituel, qui abonde d’obstacles capable d’entraver notre témoignage. Être saint c’est en fait habiter un espace existentiel, ontologique – certes qui ne peut pas être permanent – habiter le plus souvent possible cet espace hors de Satan, du mal en fait. Et non pas être divisé car une division même si elle sépare en deux éléments par exemple ou plus, les éléments gardent leur substance. Les deux moitiés d’une pomme coupée en deux conservent le goût de la pomme. Une famille divisée par un bacille du mal quel qu’il soit ne peut subsister, mais ses membres gardent le même sang. C’est pourquoi ma demeure intérieure, éternelle selon l’apôtre Paul. Non faite par les hommes, invisible donc et qui dure toujours au nom de notre confiance en Dieu, n’a rien à voir, je crois, avec Béelzéboul. Car cette demeure éternelle donc qui dure toujours, est insaisissable dans sa totalité, son absolue. Et scientifiquement relative, toujours partielle aux investigations scientifiques, objectives physiques. En fait cette demeure éternelle selon l’apôtre ne peut jamais être définitivement saisie. Ni par toi, ni par moi, ni par vous toutes et tous aux capacités intellectuelles estimables et reconnues. Mais au cœur de la sainteté de Dieu, de sa manifestation au moyen de son St-Esprit, elle peut être ressentie, vécue en chacune comme en chacun. Un peu comme le seul élan de la gloire de Dieu. Comme une confession aimantée par son amour.
Quand je crois, je parle aussi de la grâce de Dieu, du don gratuit de son St-Esprit. Contre lequel je n’ai rien à dire sinon le recevoir et me laisser inspirer. Et finalement, quand, je crois, je parle de la beauté, morale et esthétique, artistique, au sens de l’acte créatif qui apriori n’est pas critique. « Dieu construit, le mal détruit ? questionne Michel Serres dans « La Légende des Anges ». L’un imagine, l’autre critique.

3. Je parle de sainteté
La sainteté d’abord un terme contesté, bourré de préjuger. En fait, un terme dont le monde ne veut plus tellement entendre parler. J’en parle personnellement parce que dans le texte de la Genèse que nous venons d’entendre, outre la tentative étiologique d’expliquer les causes du mal, avec une histoire d’homme, de serpent et de femme qui découvre sa nudité, je retiens le moment sacré, le moment et lieu mis à part, l’état de grâce qui précède ce narratif au sujet de couple humain et du serpent. Ce moment sacré ou lieu, qu’on appelle paradis, jardin d’Eden. En fait cet acte souverain du Dieu créateur qui laisse libre cours au souffle de vie, à son St-Esprit, à cette énergie transhistorique afin d’envisager un monde magnifique destiné à l’humain comme à toute la création, avant que tout ne bascule.

Et bien aujourd’hui comme hier, chaque foi que je ressens, que je prends conscience de ce souffle de Dieu, de cette énergie qui perdure à travers l’histoire comme dans les différentes manifestations et exercices de ma vie, je privilégie, entoure ces moments, plonge dans ceux-ci, fait rouler, si je puis dire en pensant à la pierre du tombeau vide, fait rouler hors de moi tout ce qui peut limiter, altérer ma connexion au souffle de Dieu. Et ceci, afin de m’ouvrir au jardin de la résurrection. À ce stade, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de me pencher sur les forces du mal, celles de l’Enfer, mais bien plutôt de les laisser à leur néant, à leur vanité. Car nous avons avant tout besoin de nous concentrer, de dépenser notre énergie à la réception de l’œuvre de Dieu quand elle se manifeste. Surgit de son souffle créateur. Un souffle qui encore et toujours, aujourd’hui, est capable de donner la meilleur réponse à ce monde de fou, de cruauté dans lequel nous vivons.

4. Je parle de la grâce de Dieu
Je parle en plus de la grâce de Dieu en lien avec la gratuité du don de Dieu, en lien avec la demeure éternelle qu’Il nous accorde. Plus parce qu’elle est gratuite, car tout se paye avec le diable, que parce qu’elle est dans le ciel. La gratuité comme la grâce est sans porte-monnaie. Dieu n’attend pas vraiment un retour monnayable au don de sa grâce, mais une prise en considération des atouts, des privilèges, du charme, de la beauté, de l’élégance, de son souffle divin. Le St-Esprit n’est pas un combustible qui alimente un moteur du progrès et de la connaissance à outrance, c’est le don gratuit de la Vie de Dieu. Le contraire de ce consternant retour au primitif que nous connaissons et qui immobilise un peu partout les manifestations de la dite grâce de Dieu.

5. Je parle de la beauté
Et finalement parler de la beauté, si c’est d’abord un clin d’œil à l’histoire des grandes religions, c’est avant tout un pied de nez au diable, à Béelzéboul, aux oppositions, aux critiques négatives, à la loi du sang, manifestées contre Jésus. Alors qu’il accompli des miracles, vient de créer une équipe de choc, une task force pour annoncer l’arrivée du royaume de Dieu.
Je crois que la beauté est incontournable dans cet annonce du Royaume de Dieu. Comme ces moments de « demeure éternelle » chez Paul. « C’est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau. », nous rappelle un autre Paul, Paul Claudel. Et un encore ce célèbre auteur Dostoïevski, insistera pour affirmer que « La beauté sauvera le monde ». Et si vous me permettez un exemple personnel, la beauté spécifique au souffle de Dieu, dans cet enjeu, dans ce défi, est à l’image du style architectural roman. Il invite à la contemplation. Et la beauté devient tranquille, simple, protectrice, horizontale pourquoi pas, au contraire du style gothique qui peut transpercer, insister, être glacial, enflé quelque fois.
La beauté du message de l’évangile, de son annonce du Royaume de Dieu, à cette particularité qu’elle cherche plutôt à convaincre qu’à vaincre. Qu’elle nous invite à ne plus voir avec les yeux du monde, mais avec ceux du ciel ou encore à plonger notre regard dans la clarté de l’amour de Dieu si souvent déchiffrable autour de nous quand on le veut bien. Elle nous éclaire aussi avec cette lumière du foyer, de la demeure éternelle, comme le souligne l’apôtre Paul. Nous n’avons plus dès lors les mêmes yeux, quand l’icône de Jésus est devant nous, les mêmes mains qui peuvent être tenues par la main du Créateur. Nos pas sont plus sûrs, parmi les obstacles du mal. Jésus nous considère dès lors comme ses frères, ses sœurs, ma mère ajoute-t-il, si nous faisons la volonté de Dieu, le Père. Vous l’avez deviné, finalement la beauté c’est faire la volonté de Dieu avec le don de son St-Esprit. Autrement dit, chercher à sacraliser le monde, faire avancer le règne de Dieu afin de hâter, de précipiter la fin du règne de Béelzéboul. Amen.

 

Your 

Enraciner la Parole dans le corps

Enraciner la Parole dans le corps

Retraite Corps – Parole – Silence

29 août au 1ᵉʳ septembre 2024
(Retraite complète. Inscriptions sur la liste d’attente)

Ceci est mon corps
La blessure et la grâce

Retraite complète, possibilité de s’inscrire sur la liste d’attente

« Lève-toi, resplendis, car voici ta lumière ! »

/ Ésaïe 60:1 /

Louer Dieu dans notre chair, depuis la traversée de nos abîmes jusqu’à la danse libre de toutes nos cellules.

La proposition de cette retraite est avant tout de faire expérience, dans sa chair, de la Présence, dans le vécu corporel et non dans l’intellectualisation. Faire expérience et non théoriser.

Un écrit de Dorothée de Gaza (6ᵉ siècle) sera le fil conducteur de ces jours, parsemés de textes bibliques et de théopoésie.

 

… Ouverture à la Présence

 

Enracinement dans la Présence

 

Rayonnement de la Présence …

 

L’intitulé de la retraite « Ceci est mon corps. La blessure et la grâce » est inspiré de titres de deux livres de Gabriel Ringlet, théologien et écrivain. La retraite elle-même n’est pas basée sur ces livres ; ses écrits sont une grande inspiration dans la préparation.

Durant la retraite, nous cheminerons au travers de différents temps :

  • CORPS
    Respiration, ancrage, mouvement libre, posture, gestes – expression corporelle libre et consciente
  • SILENCE
    La retraite se passe dans un climat de silence avec des temps d’écoute intérieure et de prière personnelle
  • PAROLE
    Écoute méditative de textes bibliques et théopoésie
  • PARTAGE
    Temps de partage en groupe et possibilité d’entretien
  • RYTHME LITURGIQUE
    Les participants sont invités à participer aux temps de prière de la communauté

Retraite ouverte à tous, vécue dans un petit groupe – pas plus de 10 participant.e.s -, ne nécessitant absolument pas d’habiletés ou de prédispositions corporelles particulières.

« Contenir la Présence est la finalité suprême de mon corps. »

/ François Cassingena-Trévédy. Pour toi, quand tu pries… /

Début :

jeudi, 29 août 2024, 17h (arrivée dès 15h30)

Fin :

dimanche 1er septembre 2024, vers 16h

Frais :

  • de pension  : CHF 210.- à 270.-
  • Ÿd’animation : CHF 150,-

La question financière ne doit retenir personne, ceux qui donnent plus permettent à ceux qui ne le peuvent, de participer à la retraite.

Accompagnement :

Inscriptions 

par courriel : accueil@grandchamp.org

ou par écrit :

Communauté de Grandchamp
Accueil
Grandchamp 4
CH – 2015 Areuse

Homélie de la pasteur Diane Friedli, le 2 juin 2024

Homélie de la pasteur Diane Friedli, le 2 juin 2024

Prédication Marc 2,23 – 3,6 : Viens au milieu !
Lectures bibliques : Deutéronome 5,12-15 et 2 Corinthiens 4,6-11
Lève-toi, viens au milieu !
«Viens au milieu», ce sont ces paroles qui ont retenti ce jour là dans la synagogue de la ville de Capharnaüm. 
A ces mots, un silence s’est installé. Un silence teinté d’un certain malaise. Il y a des choses qui ne se font pas. Et les édifices religieux quels qu’ils soient sont des lieux dans lesquels on ne contrevient pas aux codes et aux habitudes sans s’attirer des regards en coin.
Une tension habite ce silence : on attend de voir. Va-t-il oser ?
Viens au milieu. Ne reste pas terré dans l’ombre. Avance-toi aux yeux de tous.
En invitant cet homme à s’avancer, Jésus met en lumière non seulement cet individu, mais avec lui, il braque le projecteur sur des enjeux fondamentaux. 
Il place au centre la question de l’interprétation de la loi. 
Il oriente les regards sur lui-même et sur son identité en tant que Messie. 
Il met en lumière un désaccord profond sur le sens du sabbat. 
Et en faisant tout cela, il joue sa vie. Rien de moins.
Viens au milieu.
Et que les autres voient. Ou plutôt qu’ils observent, qu’ils épient, qu’ils jugent.
Ceux qui portent ce genre de regard n’écoutent pas. Il savent. Et ils attendent un faux pas pour, confortés dans leurs précompréhensions, fondre sur celui qu’ils ont déjà condamné.
Viens au milieu et qu’avec toi, homme anonyme à la main paralysée, soit mis à jour la grande question de la loi et du sabbat !
Près de la moitié des guérisons racontées dans les évangiles ont lieu un jour de sabbat. Si Jésus avait respecté les prescriptions de l’époque, il ne devrait y en avoir aucune. Ou un nombre minime car seul un danger de mort justifiait d’opérer un tel acte en ce jour sacré. Si la vie n’était pas en péril, il convenait d’attendre le lendemain pour agir.
Toute guérison était considérée comme un travail. Et le jour du sabbat, le travail est proscrit.
Pourtant, si le sabbat n’avait rien signifié pour Jésus, s’il ne l’avait que négligé, un septième des guérisons auraient dû avoir lieu ce jour-là. Statistique pure.
Cette proportion, près de la moitié, met donc en lumière que pour Jésus, le sabbat est un jour à part. 
Mais pas à part de la même manière que pour les Pharisiens. Jésus réinterprète le sens du sabbat. Un jour à part car un jour choisi pour faire du bien, pour libérer, pour sauver.
A ceux qui s’échinent à respecter de manière pointilleuse la prescription sabbatique : interdiction de tout travail, interdiction de sortie d’un périmètre restreint autour de son domicile, interdiction d’acte médical ou social, Jésus rappelle le fondement du 7e jour.
A ceux qui sont choqués que ses disciples se permettent d’arracher des épis de blés, à ceux qui – juste avant dans le chapitre 2 de l’évangile de Marc – s’insurgent de constater que les disciples ne respectent pas le jeûne à l’image des disciples de Jean Baptiste ou des pharisiens, Jésus répond par l’action.
Il guérit, il nourrit, il restaure.
Parce que telle est l’intention du sabbat.
Ce jour mis à part appartient à l’intention créatrice de Dieu.
Il n’est pas à bien plaire, c’est un commandement.
L’équilibre de 6 pour 1 entre le travail et le repos est un don de Dieu.
Dans le livre de l’Exode, le commandement du sabbat est lié de manière explicite au récit de la Création, mais l’Ancien Testament ne contient pas une mais deux occurrences des 10 paroles, des 10 commandements.
Dans le livre du Deutéronome, la prescription du sabbat est liée à l’événement fondateur du peuple d’Israël : la libération d’Egypte.
« Prends soin de me réserver le jour du sabbat, comme le Seigneur ton Dieu l’a ordonné.
Tu as six jours pour travailler et faire tout ton ouvrage.
Le septième jour, c’est le sabbat qui m’est réservé, à moi, le Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni tes serviteurs ou servantes, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune autre de tes bêtes, ni l’immigré qui réside chez toi ; tes serviteurs et servantes doivent pouvoir se reposer comme toi.
Ainsi tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte, et que je t’en ai fait sortir grâce à ma puissance irrésistible. C’est pourquoi moi, le Seigneur ton Dieu, je t’ai ordonné de faire ainsi le jour du sabbat. » Dt 5,12-15
Souviens-toi que tu as été esclave !
Viens au milieu, toi qui as été esclave.
Esclave de ton infirmité qui t’a empêché de travailler, de toucher, de porter, de serrer comme les autres le font.
Esclave de tes préjugés qui t’isolent et te ferment dans tes certitudes.
Dieu n’a pas libéré son peuple pour qu’il devienne esclave autrement. 
Esclave d’un travail qui aliène, d’une idéologie qui ronge ou d’une religiosité désincarnée et insensée.
Dieu a libéré son peuple pour le rendre véritablement libre.
Et qu’il exerce sa liberté en témoignant en paroles et en actes du salut qui lui est offert.
A l’homme à la main paralysée, Jésus dit : lève-toi, viens au milieu.
Il l’appelle à se lever, à se mettre en mouvement.
Puis Jésus se tourne vers ceux qui regardent, qui observent, qui épient. Et c’est à eux qu’il pose une question, avec eux qu’il entre en dialogue, ou tout au moins qu’il tente de le faire.
«Ce qui est permis le jour du sabbat, est-ce de faire le bien ou de faire le mal ? De sauver un être vivant ou de le tuer ?»
Pour toute réponse, les hommes se taisent.
Le silence.
Peut-être se sont-ils sentis piégés.
A cette question, il n’y a aucune possibilité pour eux de donner une bonne réponse.
S’ils voulaient s’en sortir, ils devraient argumenter que la question est biaisée, que la prescription ne porte pas sur faire le bien ou faire le mal mais sur FAIRE tout court.
Mais dire tout cela, ce serait entrer en dialogue, en débat, en contradiction. Donc reconnaître à Jésus le statut de vis-à-vis. D’homme avec lequel on peut débattre de théologie, donc le considérer comme une autorité religieuse. Et cela, ils veulent l’éviter à tout prix.
Alors ils se taisent.
Mais le silence n’est pas neutre. Le silence n’est pas rien. Le silence est une action. Le silence, c’est le choix d’une parole qui n’est pas dite.
Et de même que tout homme, toute femme, est responsable de ses paroles et de ses actes. Nous sommes aussi responsables de nos silences.
Ne pas parler, ne pas dénoncer, ne pas s’offusquer… dans certaines situations, se taire c’est approuver, c’est autoriser, c’est laisser dire et laisser faire.
Le silence de ces hommes provoque en Jésus rien de moins que colère et affliction. Des termes forts qui expriment l’impuissance et l’incompréhension de Jésus face à l’endurcissement des coeurs.
Il invite alors l’homme à tendre la main. 
Un l’aura tendue et celle-ci aura été guérie, libérée.
Les autres seront repartis les poings serrés, bouillonnant de haine et d’esprit de vengeance.
Et voici qu’en quelques paroles, en quelques gestes, Jésus aura mis en lumière ce samedi là :
la force émancipatrice d’une guérison, quand la dignité est rendue à un homme et qu’il peut sortir de l’ombre pour vivre au milieu de ses semblables
la puissance libératrice de Dieu qui fait don de ses lois et de sa grâce
et le courage du Christ qui assumera jusqu’au bout les conséquences de son refus de se terrer dans le silence.
Lève-toi et viens au milieu !
Dieu te libère de tes servitudes, de tes peurs et de tes silences.
Il te tend la main et te restaure.
Amen
Homélie du pasteur Timothée Reymond pour le dimanche de la Trinité, le 26 mai

Homélie du pasteur Timothée Reymond pour le dimanche de la Trinité, le 26 mai

Homélie du dimanche 26 mai 2024 – Trinité
(Inspirée par un commentaire de Jean Mansir o.p.)
Personne n’a jamais vu Dieu ! Et personne ne peut prétendre comprendre l’être même de Dieu, sa nature, son essence. Il faudrait, pour cela, pouvoir dominer Dieu, en faire le tour en quelque sorte, comme le suggère le verbe «comprendre». Dans tous les cas, Dieu deviendrait comme une projection humaine, une « réduction »…
Alors que, ne l’oublions jamais, tout ce que nous savons de Dieu est ce qu’il a bien voulu nous dire de Lui-Même, par sa Parole et surtout par ses interventions en notre faveur au cours de l’histoire.
Depuis qu’il confia à Moïse ce nom paradoxal que les Juifs ont même toujours refusé de prononcer, YHWH (Yahvé, Jéhovah), c’est-à-dire quelque chose comme «Je suis celui qui est, je suis qui vous verrez bien», si nous en sommes venus, nous les chrétiens, à nommer Dieu Père, Fils et Esprit, c’est uniquement en raison de ce que nous a fait comprendre Jésus lui-même, par sa parole, par sa Pâque. Dieu, personne ne l’a jamais vu: le Fils unique, qui est dans le Père, lui, l’a fait connaître (Jean 1, 18).

Dieu s’est donné à connaître… Il s’agit donc d’une connaissance existentielle, quasi expérimentale, à partir de l’histoire du Salut, et non d’une spéculation intellectuelle. Elle ne prétend pas définir Dieu, mais découvrir son être à partir de son agir pour nous.

– C’est parce que Jésus a parlé de «son Père» et qu’il nous a appris à le prier comme notre Père, que nous osons appeler Dieu Père, que nous lui conférons l’Origine de la Création et l’Accomplissement de toutes choses.
– C’est parce que Jésus nous a promis le Paraclet, envoyé par le Père en son nom (Jn 14, 26) et que ce Défenseur, nous l’avons effectivement reçu en nous, comme une nouvelle création, que nous osons nommer Dieu Esprit…
– C’est parce que Jésus nous a donné à comprendre que Dieu, par amour, a livré au monde son Fils unique (Jean 3, 16), c’est parce que Jésus nous a dit et montré que celui qui l’a vu a vu le Père (Jean 14, 9), que nous osons nommer Dieu Fils.

Et nous le percevons par le comportement de Jésus et de ses disciples: ce Dieu dont notre Sauveur nous a manifesté le Nom, c’est-à-dire donné à comprendre qui Il est (Jn 17, 6.26), ce Dieu est bien l’Unique, le Dieu qui s’est manifesté à Moïse et, avant lui, à Abraham, et, après lui, à tous les prophètes.
– Jésus nous a « seulement » permis de comprendre que cette vie, cet amour agissant que Dieu manifestait aux hommes, il en vivait lui-même, étant en luimême circulation de vie et énergie d’amour. Il nous fait participer à cette Vie !

Les trois lectures de ce dimanche de la Trinité nous donnent justement à redécouvrir ces différents « visages» de Dieu.
La 1re lecture met en scène le Dieu créateur, Origine de toutes choses et particulièrement du Peuple-Témoin qu’il a créé pour lui: Père attentif et exigeant par amour, qui n’a qu’une ambition pour sa Création, son bonheur véritable, qu’elle soit debout.
La 2e lecture met en scène l’Esprit, acteur d’une création nouvelle où les enfants de Dieu sont appelés à devenir des fils adoptifs, héritiers de la gloire réservée au Christ.
L’Évangile de ce jour, quant à lui, met en scène le Fils, à qui tout pouvoir a été donné au ciel et sur la terre, qui transmet sa mission à ses disciples, et, finalement, qui résume toute la Révélation dans la formule baptismale trinitaire qu’il leur confie: Baptisez-les au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Alors il est permis d’essayer de comprendre à la fois Dieu et l’histoire de l’humanité, avec une approche plus dynamique et synthétique des relations entre Dieu et l’humanité, si on les réfère au Mystère de la Trinité, et au mystère de l’histoire.

D’où l’importance de fixer notre regard sur l’engagement de Dieu à travers notre histoire humaine. Voir cette histoire comme traversée par l’énergie divine qui va du Père au Fils, et, réciproquement, de nous situer nous-mêmes au cœur de cette énergie, puisque l’Esprit nous a été donné et qu’il nous est intérieur.
Avons-nous assez conscience de cette énergie de Dieu présente en nous et autour de nous ? Comment l’accueillir et en vivre ?
Amen.

Prière à la Sainte Trinité           Véronique Belen, mai 2016

Dieu Trinité
Trois tu te voulais
Commencement infini
Tu désirais la vie
Seul dans le vide immense
Tu as voulu des astres dans l’infiniment grand
Et des âmes assoiffées quêtant ta transcendance

Tu t’es engendré des enfants
Pour leur être amour et compassion
Les regarder jouer à tes côtés
Te faire avec eux relation

Pour entrer en paternité
Tu t’es donné des entrailles maternelles
Le Verbe et la Sagesse conçus par Volonté
Ont égayé ton Sein éternel

Père juste, tu les as écoutés
Pour créer toutes choses sur terre et dans le ciel
Puissance de vérité du Verbe
Souffle vivifiant de l’Esprit
Tu leur as donné d’engendrer la vie
Tu as tissé des liens, toi l’Ineffable
Avec l’homme de glaise et la femme capable
De s’accueillir de lui mère de tous les vivants

Dieu Trinité, famille du firmament
Tu as versé des larmes de les voir si rebelles
Tu as cherché comment les sauver du Mauvais
Qui s’acharnait déjà à souiller l’œuvre belle

Tu as offert le Fils, Agneau immaculé
Pour souffrir de leur mort jusqu’au bout de ses plaies
Il a gardé la foi dans la déréliction
Certain de la promesse de sa résurrection

Comme un matin nouveau a fleuri son pardon
Et le feu de l’Esprit a jailli sur leurs fronts
Pour porter sa Parole aux confins de la terre
Et offrir à tout homme l’espérance et un Père

Dieu Trinité
Ardent foyer de charité
Tu gardes encore cachés des rais de Vérité
Pour l’heure ultime où toute chair te verra
Aux aurores de justice où tu décideras
De révéler enfin la Gloire de ton Etre
Et le Royaume promis qui ne passera pas

Véronique Belen, site : http://www.histoiredunefoi.fr