Homélie pour Pentecôte 2024 par la pasteur Béatrice Perregaux Allisson

Homélie pour Pentecôte 2024 par la pasteur Béatrice Perregaux Allisson

Jn 20, 19-23
Ac 2, 1-13
Joël 3
Dimanche de Pentecôte
16 mai 2024, Grandchamp

Nous avons entendu deux textes de Pentecôte : L’un plus connu, tiré des actes où l’Esprit comme des langues de feu, descend sur la communauté rassemblée, et crée une communication possible entre gens d’origine et de langue très différentes.
L’autre texte celui tiré de l’évangile de Jean est spontanément moins souvent associé à Pentecôte, c’est cette touche de surprise qui m’a donné envie de le creuser pour aujourd’hui.

Dans le récit des Actes, le don de l’Esprit se situe 50 jours après Pâques. Dans le récit de Jean, Jésus souffle l’Esprit sur les disciples le soir de Pâques, le jour même de la résurrection (Jn 20, 1.19). Cela place le don de l’Esprit dans un horizon symbolique supplémentaire lié au thème de la vie.

Dans le récit des Actes, des langues de feu apparaissent ; elles sont précédées d’un bruit qui vient du ciel, comme un vent impétueux, un violent coup de vent. Dans l’évangile de Jean, le don de l’Esprit se fait dans un simple souffle ‘ et dans le cadre d’une rencontre.

C’est cohérent avec tout l’évangile de Jean qui valorise la relation au Christ comme le lieu de la vraie vie, d’une vie au goût d’éternité.

Jésus et ses disciples se connaissent, ils se reconnaissent.
Et pourtant, il y a eu tant de changements ces derniers jours :

Ce n’est plus simplement Jésus, leur compagnon de route et de pain, qui est là. Celui qui se tient debout devant eux est le gisant du tombeau ; celui qui a été relevé est le crucifié. Et le texte insiste sur les marques de la passion que porte le Ressuscité : les mains percées, le côté frappé par le coup de lance du soldat (Jn 19, 34). La souffrance, la douleur, la vulnérabilité, la mort ne sont pas niées, cachées, tues, effacées, mais désormais, c’est la vie du Christ qui les porte. Qui dit l’espoir et l’amour malgré elles, à travers elles.
Le Ressuscité n’est pas l’invulnérable, c’est le Vivant avec ses blessures, ses cicatrices.

Du côté des disciples aussi, il y a eu des changements : ce ne sont plus simplement les élèves et amis qu partage le chemin et le vin qui sont là. Ce sont les disciples qui ont disparu à son arrestation, qui ont nié le connaître et qui se sont enfermés, par peur. Ils avaient bien entendu « Je ne vous laisserai pas orphelin, je viens à vous (Jn 14,18) ». Et pourtant vu les événements de ces derniers jours, je peux imaginer, mêlé à l’attente ou l’espérance peut-être, leur incompréhension, leur déception, leur peur.

Quand vient Jésus, c’est une rencontre en vérité. Chez ceux qui se rencontrent, il y a place pour les blessures, les ombres, les parties mal-aimées en soi. Elles sont portées et accueillies par le Vivant.

« La paix soit avec vous » dit le Crucifié Ressuscité. C’est peut-être d’abord un simple bonjour, c’est aussi une paix qui pardonne, qui délie, qui nous accueille avec nos questions et nos cibles manquées.

« La paix soit avec vous » : les disciples sont tout à la joie. Dans l’évangile de Jean, cette joie vient du fait d’être enracinés dans l’amour du Père (Jn 15,9ss) : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour (…) Je vous ai dit cela, afin que votre joie soit parfaite. » « et cette joie, nul ne vous la ravira » (Jn16, 21-24).

« La paix soit avec vous », dit-il une 2e fois, c’est son vœu pour eux, pour nous.

C’est dans ce condensé de rencontre que Jésus souffle l’esprit sur les disciples. L’au-delà de tout prend forme dans un simple mouvement. Un souffle. Comment ne pas penser à l’écho en Genèse 2 où Dieu « modela l’humain avec de la poussière du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie et l’humain devint un être vivant. » (Gn 2,7)
Nous sommes chez Jean, le jour de Pâques ; le Ressuscité donne la vie par l’Esprit : Nouvelle création, nouvelle vie pour les humains aussi. L’Esprit vivifie en nous tout l’humain que nous sommes. L’événement de la résurrection débouche pour nous, par l’Esprit, sur l’expérience d’une résurrection, déjà maintenant.

C’est l’Esprit du livre de Joël pour tous sans exception. Il ne dépend pas de nos prières ; il vient de la seule initiative de Dieu ; il nous est donné.
C’est la promesse du don du Paraclet, une nouvelle forme de la présence du Christ, pour nous, aujourd’hui encore. Une présence qui donne la paix (Jn 14, 26-27).

Une parole de sagesse juive attribuée à Bounam de Pssiskhe, dit que nous, êtres humains, devrions toujours avoir deux poches remplies de terre : l’une pour se rappeler que nous sommes poussière et que nous retournerons à la poussière ; l’autre pour se rappeler que nous sommes poussière, terre, et que c’est la terre qui fait pousser l’herbe, les plantes, les arbustes et les arbres.

L’Esprit soufflé sur notre terre -humus-, nous rend humain, vivant. Le souffle de l’Esprit nous permet de vivre notre humanité avec humilité…. Et humour et (mêmes racines) : conscient de nos forces et de nos vulnérabilités, nos maladresses.

Une différence du texte de Jean d’avec le texte de la Genèse est que le souffle est soufflé non sur un seul humain, mais sur eux tous rassemblés : « il souffla sur eux ». C’est la dimension communautaire de la Pentecôte, comme dans le livre des Actes (et le texte de Joël !).

Me savoir accueillie dans mon humanité par le crucifié ressuscité me facilite l’accueil de mes semblables, eux aussi accueillis tels qu’ils sont dans la paix et l’amour du Christ. Cette humanité accueillie devient ferment de communauté, ferment d’Eglise.
De l’Eglise qui « nait » à Pentecôte
Amen

Homélie de la pasteur Nicole Rochat, le 12 mai 2024

Homélie de la pasteur Nicole Rochat, le 12 mai 2024

Prédication sur Actes 1,12-14

J’ai été particulièrement interpellée lorsqu’il est dit : « Tous, unanimes, étaient assidus à la prière » (TOB).
Mais comment peut-on être unanimes quand on traverse un deuil ? Car oui, ils sont en deuil. Deux types de deuil :
1. Jésus est de moins en moins présent
2. Ils vivent de profonds bouleversements au niveau de leurs croyances. Ils doivent donc faire le deuil de certaines représentations qu’ils avaient jusque-là sur Dieu – nous y reviendrons.
3. Oui, Jésus étant toujours moins présent ou plutôt toujours différemment présent, ils doivent apprendre à croire sans voir. Mais si cela nous semble normal, pour eux, ça ne l’est pas encore. Ils viennent de voir Jésus disparaître à leurs yeux, entrer dans la présence même de Dieu.

Ils commencent seulement à croire que, même si le Christ a l’air absent, il est vivant, mais imperceptible à leurs yeux. C’est important si l’on veut pouvoir prier et on nous dit qu’ils sont assidus à la prière. Mais jusque-là, on ne sait pas s’ils ont beaucoup prié. On sait qu’ils n’ont pas accompli les jeûnes rituels du judaïsme, parce que Jésus était au milieu d’eux. On sait qu’ils se sont endormis lorsque Jésus leur demandait de veiller et de prier avec lui…

Maintenant, Jésus a passé à un nouveau niveau d’être, un autre niveau de réalité. Il leur a dit qu’il est préférable pour eux qu’il s’en aille, mais ils n’en perçoivent pas encore les avantages. Ils ne réalisent pas encore que si, jusque là, la présence de Dieu était limitée à un lieu : le lieu très saint du temple de Jérusalem, où le grand-prêtre ne pouvait pénétrer qu’une fois par an, puis la présence de Dieu en Jésus, qui était lui aussi présent qu’en un seul lieu, mais qui, déjà, pouvait bouger, se déplacer, se rapprocher, aller auprès des gens, toucher les personnes qui avaient besoin de guérison. Bientôt, la Pentecôte inaugurera la présence de Dieu dans tous les lieux où le Saint-Esprit est invoqué, même dans les cœurs des croyants. C’est un mode de présence radicalement nouveau.

Peut-être que tout cela fait beaucoup pour certains des disciples ! Je ne pense pas qu’on puisse dire que certains auraient pour autant perdu la foi, car on ne nous dirait pas qu’ils sont unanimes. Au contraire, je pense que leur foi a été fortifiée par tout ce qu’ils ont vécu. Par contre, ils ont assurément perdu des croyances, des représentations, des images qu’ils s’étaient faites de Dieu, du Christ – c’est le deuxième type de deuil qu’ils traversent.

Leur perception de Dieu avait déjà été transformée par les enseignements de Jésus. Puis sa vie offerte, sa résurrection, ses apparitions, son départ auprès du Père, tout cela aura fini par ébranler très profondément leurs croyances. Mais, encore une fois, ce n’est pas pour autant qu’ils ont perdu la foi, bien au contraire, c’est peut-être maintenant qu’ils la trouvent vraiment ! Parce que avoir la foi, c’est ouvrir son intelligence et son cœur à l’Inconnu, à ce qui arrive, à « Celui qui vient », et qui se révèle comme étant infiniment plus que tout ce qu’on a pu en dire, en savoir et même en expérimenter.

Il en est de même pour nous. Tout ce que nous disons de Dieu est lié à notre histoire personnelle, à l’histoire de notre petite enfance, à nos souffrances, de même qu’à notre histoire collective. Mais Dieu est plus que cela. Il est au-delà de nos mots, il est tellement plus que tout ce que nous pouvons penser et dire de lui. Il est celui qui s’est révélé à Moïse en disant « Je suis celui qui est ». Mon désir le plus profond serait de me taire en sa présence, car parler de l’Absolu est toujours relatif. En présence de l’Infini, je reste « finie », limitée. Alors, la question que je devrais me poser aujourd’hui est : ma finitude est-elle ouverte ou fermée ?

Est-ce que je tiens à faire entrer Jésus dans les cases que je lui ai toujours réservées jusqu’à ce jour ou est-ce que je suis ouverte à ce qu’il se révèle toujours plus à moi, au risque de déborder, au risque que je doive déconstruire certaines choses que je considérais comme certaines jusque-là et qui, soudain, m’apparaissent dépassées.

Nous aussi, nous avons peut-être vécu des bouleversements qui ont amené des remises en question, des prises de conscience. N’ayons pas peur de ces remises en question ! Ce n’est pas grave de s’apercevoir qu’une croyance que nous avions, ne colle plus. Cela signifie juste que Dieu s’est révélé davantage à nous et que nous pouvons accueillir cette révélation. Il est préférable d’oser faire de l’ordre dans nos croyances que de perdre la foi. Car il y a des personnes qui perdent la foi car elles s’aperçoivent que certaines de leurs croyances ne collent plus, mais elles n’osent pas les modifier. Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on dit ou pense sur Dieu, c’est ce que l’on vit avec Dieu.

C’est avec tous ces chamboulements que les disciples attendent la venue du Saint-Esprit. Ils sont, pour cela, exhortés à se tourner vers l’avenir où il y aura encore du nouveau et à ne pas regretter le passé. Et malgré qu’ils ont été retournés comme un gant, Luc nous dit qu’ils sont unanimes. Ce mot Grec, « homothumadon », se trouve douze fois dans le Nouveau Testament, mais dix fois dans le livre des Actes, chaque fois pour parler de l’unité de la communauté chrétienne. « Homothumadon » est composé de deux mots : «même» et  «cœur, pensée, ressenti», donc on pourrait traduire par « d’un même cœur ». L’image pourrait être musicale : des notes sont jouées avec harmonie, bien que différentes en tonalité. Donc il y a une harmonie entre les disciples, mais il y a des différences de tonalité, ce qui n’est pas grave, ça fait leur richesse.

Les disciples sont donc tous unanimes, mais ils ne pensent assurément pas tous la même chose, et ils sont probablement tous différents au niveau de leur ressenti. De même qu’il n’y a pas deux personnes qui pensent exactement la même chose parmi nous ce matin, ni deux personnes qui ont exactement le même ressenti. Et pourtant, nous pouvons être tous unanimes, car tous à la recherche d’une communion plus grande avec le Christ ressuscité et prêts à abandonner certaines croyances, dont certaines sont peut-être mortifères. En effet, ce qui est saint, ce ne sont pas nos croyances, c’est notre relation avec Dieu. Amen.

Homélie du pasteur Marc Balz, le 28 avril

Homélie du pasteur Marc Balz, le 28 avril

Ac 9, 26-31   1 Jn 3, 18-24   Jn 14, 1-12
Grandchamp, 28 avril 2024
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Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ; si ce n’était pas vrai, je vous l’aurais dit : en effet je vais vous préparer une place. (Jn 14,2)

Jésus se prépare à quitter ce monde, et il prépare ses disciples à vivre sans lui. Et dans ce cadre, il parle d’une maison de Dieu, dans laquelle il y a beaucoup de demeures et d’un chemin pour y parvenir.

Pour tenter de comprendre cela, je vous propose un parcours hasardeux des Ecritures, et de remonter jusqu’au tout début, avant le temps, jusqu’au principe et au fondement de tout ce qui est. Et ce début de tout, au commencement de l’Ecriture, est aussi ce qui est au plus intime, au plus profond de chacune et chacun de nous.

Au début du début, ou au fond du fond, on trouve ce grand chant de la Création, le chant du Créateur en train de créer sa demeure en quelque sorte, la terre et le ciel, un chant qui s’achève après 6 jours avec ces mots «voici, c’était très bon», et Dieu qui se repose ensuite, durant tout un jour.

Immédiatement ensuite, une seconde demeure sous la forme d’un jardin que Dieu plante à la manière d’un jardinier, un jardin de jouissance, un jardin nourricier, dans lequel les fleuves coulent, où l’homme et la femme se découvrent vivants, où Dieu parle avec eux comme un intime, et se promène au souffle du jour. Et un serpent qui rôde alentours, à moins qu’il ne s’agisse d’un devin, puisque c’est le même mot (na’hasch). Bref, ce que je retiens ici, c’est que Dieu paraît très familier de ce jardin, et qu’il semble aimer y demeurer avec ses deux créatures, l’homme et la femme. Bon, on connaît la suite…

Ensuite dans l’Exode ces mots prononcés par Dieu lui-même : «Ils me feront un sanctuaire et je demeurerai parmi eux». Je demeurerai, c’est le verbe d’où est tiré le mot Shekina ( שכינה ), la présence, la lumière qui guide dans la nuit, mais aussi la forme féminine de Dieu. Et dans Zacharie, ce cri : «Crie de joie, réjouis-toi, fille de Sion, car me voici, je viens demeurer au milieu de toi» (Zacharie 2,14). Dieu se déplace avec son peuple, de jour comme de nuit. Présence de Dieu encore, dans l’histoire, au milieu du peuple ou au centre notre être.

Un trouble apparaît dans le 2e livre des Chroniques (6,18), avec cette question : «Dieu habiterait-il vraiment avec les hommes sur terre ? Voici que les cieux et les cieux des cieux ne le peuvent contenir, moins encore cette maison que j’ai construite». Alors Dieu est-il partout, ou en un seul lieu, est-il proche ou lointain, sur les chemins tortueux de la vie ou dans sa demeure, le Temple ? Vous voyez le dilemme.

Dieu dans l’histoire finit par s’établir au temple de Jérusalem (à
moins qu’il n’y soit assigné à résidence ?), et dans lequel le Grand Prêtre vient le rencontre, ou le visiter, une fois par an, dans le saint des saints. Une rencontre rare donc, un seul jour par an et pour un seul, dans une demeure où il n’est pas questions que les hommes habitent . Dieu se retrouve seul  dans sa demeure chaque jour de l’année, chaque jour sauf un.

La parole de Jésus prend dans ce contexte une tout autre dimension  : «Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures» et il y aura de la place pour vous (Jn 14,2-3). Dans les paroles et la compréhension du Christ, la maison du Père n’est pas un lieu de solitude et la solitude humaine ne doit pas non être plus une fatalités. Jésus ici voit ces nombreuses demeures, avec de la place pour beaucoup. Joie de Dieu, joie du Christ, et joie des invités  !

Celles ou ceux parmi nous qui vivent des temps de prière intense, de retraite ou de contemplation découvrent peu à peu, parfois après des traversées de déserts arides, découvrent ces oasis intérieures ou ces jardins dans lesquels la vie se met à vibrer, à couler, et où la solitude tout au fond n’existe plus. Un retour dans le jardin des origines en somme, où Dieu se promène, tout proche et attentionné.

Les disciples aspirent à cela, et Jésus inaugure ici un itinéraire nouveau, un chemin qui doit leur devenir familier, un chemin où il n’est plus question de se perdre, tout seul. Et ce chemin c’est le Christ, ce chemin devient lui-même le but, puisqu’il mène à Dieu, puisqu’il est la vie. C’est le chemin de toute notre vie !

Dans l’Histoire biblique comme dans notre histoire, beaucoup de demeures pour Dieu :
la création entière… un jardin… la présence de Dieu dans le monde et en nous… une demeure close pour un Dieu parfois bien seul… puis un jour une demeure avec Dieu, ouverte à toutes et tous… un chemin qui prend un visage : le Christ lui-même, reflet et présence du Père. Et nous voilà en marche !

Dans l’Apocalypse, tout à l’autre bout de l’Ecriture, tout à l’autre bout de notre histoire personnelle, il n’y a plus vraiment de jardin mais une ville nouvelle, dans laquelle une voix forte retentit :
«Voici la demeure de Dieu avec les hommes.
Il demeurera avec eux.
Ils seront ses peuples
et lui sera le Dieu qui est avec eux.
Il essuiera toute larme de leurs yeux.
La mort ne sera plus.» (Ap 21,3-4)

Et ce détail qui reprend la thématique du jardin des origines, mais dans le sens d’une bénédiction : «Au milieu de la place de la cité (…) est un arbre de vie produisant 12 récoltes. A chaque lunaison, il donne son fruit et son feuillage sert à la guérison des nations» (Ap 22.2).

Il n’y a plus qu’ à respirer large, à contempler, et à rendre grâce.

 

Homélie du pasteur André Sauter, le 11 avril 2024

Homélie du pasteur André Sauter, le 11 avril 2024

Grandchamp, 11 avril 2024, Évangile de Luc 24, 13-35, Lettre aux Colossiens 2, 20-3, 4 Prédication d’André Sauter

« La foi est une brûlure. Elle nous laisse des marques », paroles de Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise !
Que faisons-nous de cette brûlure, de cette chaleur et du désir de cette chaleur ?
Que faisons-nous de ces marques, du vide, du désespoir de notre chemin ?
Le chemin d’Emmaüs est mon chemin, ton chemin.
Il s’agit de trouver le lieu de la rencontre avec le Christ ou de se laisser trouver par Lui.
Vivre son chemin d’Emmaüs,
Pour moi vivre le passage du Dieu extérieur au Dieu intérieur.

Puis va se poser aussi la question de comment je reviens vers la civilisation, de comment je retourne vers Jérusalem, si j’y retourne ! La Jérusalem d’aujourd’hui n’est plus la Jérusalem du temps de Jésus, mais finalement malheureusement pas si différente avec ses heurts entre communautés…
Comment je vais partager ma quête et mes intuitions, avec les personnes autres qui habitent Jérusalem, différentes et pourtant qui sont mes semblables,
En fondant une nouvelle religion, doctrinaire, qui va écraser les autres ? Est-ce bien cela que le Christ désire ?
– Ne désire-t-il pas d’abord ce silence au cœur du mystère pascal. Mystère qui dépasse les mots et qui n’annihile pas ce que d’autres humains ont pu vivre et croire
– Pour ma méditation d’aujourd’hui, les disciples d’Emmaüs me donnent ce trésor de l’intériorité, de la rencontre du Christ et un trésor pour le chemin œcuménique et intrareligieux
Intériorité :
Les disciples d’Emmaüs avaient beaucoup d’informations dans la tête, plus que Jésus entre guillemets. Ils lui parlent durement qu’il n’est pas au courant de ce qui se passe. Ils semblent savoir plus de choses. Mais toutes ces informations n’empêchent pas qu’ils sont aveugles à la présence du Christ à leur côté. Absence qu’ils ne réalisent pas combien elle est Présence. Ils ont été jusqu’ici dans un rapport d’extériorité avec Jésus et la spiritualité. Mais par leur retour vers leur village, par leur interrogation de ce qu’ils ont vécu, ils entrent dans un chemin d’intériorité : ils ressassent ce qui est arrivé, ils essayent de comprendre, ils semblent revenir à la maison… comme lorsque l’on vit un choc ou un temps de déprime, retour sur soi, chamboulement intérieur….
– Les disciples sont même au risque d’abandonner, de revenir uniquement à leurs histoires de famille. Ils ont besoin de réconfort, ils suivent leur désir, leur besoin, ils écoutent le petit enfant en eux et étrangement cela les conduira à la rencontre, à cette brûlure de la foi et ainsi ils reviendront différents à Jérusalem, habités, réchauffés, illuminés de l’intérieur.
– Il s’agit donc de ne pas craindre d’être désorientés, de ne pas craindre le tombeau vide, de ne pas savoir quel chemin prendre, d’avoir un coup de déprime comme ces disciples. Ne pas avoir peur d’écouter nos besoins, ce que notre corps ou nos tripes nous disent. D’écouter en fait la réalité qui est soma en grec dans Colossiens 2, 17, d’où vient le mot somatique. La réalité est corporelle et spirituelle. La recherche de l’en haut est intimement liée à l’écoute de l’en bas si on en reste à ces catégories qui peuvent être trop dualistes.
– Il y a intimité, les disciples vivent une rencontre, une révélation qui finalement sera simplement une chaleur, une brûlure, des indices, un pain rompu, pas une doctrine, même s’ils vivent aussi ce temps de relecture des écritures, de réflexion et de méditation.
– Ce cheminement de tâtonnement, de l’intériorité, de ne pas en rester aux énoncés extérieurs de la foi, cela ne concerne pas seulement les disciples. C’est aussi notre chemin : ne pas savoir à quoi s’accrocher, c’est signe que nous sommes en chemin de résurrection, qu’on est une pâte à pain en travail. Le christianisme de par son histoire de grande religion vit ce grand danger d’en rester à une doctrine, à une glorification de Dieu, qui devient à nouveau extérieure à nous et donc un Dieu extérieur. Nous devenons comme une idéologie, un rouleau compresseur qui va imposer sa manière de penser, et on en a vu bien les dégâts, combien de mort avec l’arrivée des missionnaires en Amérique du Sud, combien de civilisations détruites ?
– Revenir à cette conscience de la vie cachée, de la pâte à pain, pétrie, mélangée aux autres cultures et traditions, sens dessus dessous, poussé vers la marge. Jésus est un homme de la marge. Emmaüs est un lieu inconnu et c’est là que se réalise cette rencontre supra substantielle. Marcel Légaut, qui a accompagné les carmélites de Mazille disait : si on est au milieu de l’Église, bien installé avec les dogmes, le catéchisme et tout la grande construction ecclésiale, on va dormir … si on est dans la marge, dans les remises en cause, il y a des courant d’air, on reste éveillés.
– Et c’est ce qui se passe pour les disciples d’Emmaüs, dans la marge d’un village inconnu, ils vivent une expérience difficile à relater. Le Christ a disparu et pourtant il est là. Présence qui est cette fois absence, insaisissable, difficile à mettre en mots, à objectiver. Il s’agit de ne pas se presser à la mettre en mots et en dogmes….
– Cela rappelle le fruit de l’arbre de vie que l’on ne doit pas cueillir, posséder, il s’agit davantage d’entrer en communion, cela rappelle le buisson ardent…

Et cette expérience intérieure est fondamentale à se remémorer, à garder au cœur, cela va se rapprocher de ce qu’on a appelé la théologie apophatique, où l’on peut surtout dire ce que Dieu n’est pas, plus que ce qu’il est.
Cette réalité va pouvoir nourrir et féconder le dialogue œcuménique. Ce dialogue est au purgatoire, comme le dit si bien Jean-Claude Basset et j’encourage à s’imprégner de ce que Jean-Claude Basset nous indique.
Quand on parle d’œcuménisme, on pense aujourd’hui surtout au dialogue entre confessions chrétiennes. C’est un rétrécissement dommageable.
Œcuménisme, d’oikouméné signifie terre habitée, le monde, l’univers. L’œcuménisme a donc une signification globale, de village global. Que l’on retrouve dans le terme catholique, littéralement kata olon, selon le tout, olon, que l’on retrouve dans holistique.
Il s’agit là de se relier à la terre entière et c’est ce que la communauté humaine vit aujourd’hui de par les communications sur toute la planète, on est très informé comme les disciples d’Emmaüs, sur tout ce qui se passe, mais aussi souvent aveuglés.
On sait aujourd’hui, pour la survie de la terre, combien il est important d’œuvrer ensemble. C’est ensemble que nous pourrons mener à bien ce défi de la survie du vivant.
Et cela nous conduit encore davantage à faire fructifier le dialogue entre les cultures, entre les religions aussi et pas seulement entre les confessions.
Jean-Claude Basset montre combien les origines du dialogue œcuménique entre confessions chrétiennes s’est fait dans les terres de missions, en Inde par exemple, où on ne comprenait pas nos différentes confessions et cela a poussés les différents courants chrétiens au rapprochement.
Pour que la paix règne dans cette oikouméné, il s’agit de ne pas mettre sa religion au centre, mais bien davantage cette présence de Dieu insaisissable, mystérieuse, que chaque tradition va manifester avec son vocabulaire et ses mots.

L’humain reste partiel et partial dans sa connaissance de la réalité, de Dieu, les religions également. Cela nous invite à une révolution intérieure, copernicienne. Ne pas mettre notre croyance, notre expérience spirituelle au centre. Mettre Dieu au centre, que chaque religion révèle à sa manière.
Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas avoir une expérience de l’absolu. Les religions sémitiques sont exclusives, bien plus que les religions asiatiques pour qui toutes les traditions révèlent Dieu au risque de ne pas respecter les particularités de chacune.
Le danger des religions exclusivistes vient au moment où nous en faisons des doctrines.
Et c’est pour cela que l’expérience d’Emmaüs est fondatrice pour le dialogue œcuménique.
Raimundo Panikkar, théologien catholique d’origine indienne, parlera ainsi de dialogue intrareligieux. Il s’agira de ne pas se considérer comme des religions ou doctrine indépendantes, mais d’approfondir ensemble la quête de la vie spirituelle, de la foi, de l’intériorité, intra…
Nous pouvons le mieux, dira Thomas Merton, approcher et comprendre nos différences religieuses par la voie de l’inconnaissance et du silence.

Vatican II l’a reconnu, chaque tradition nous apprend quelque chose du salut, de la présence de Dieu et il s’agit de soutenir les valeurs spirituelles de chacune et de les préserver.
Découvrir que des croyants d’autres traditions ont pu vivre à leur manière cette brûlure, cette chaleur du cœur ne peut que nous réjouir et nous conforter que les révélations spirituelles ne sont pas illusions.
L’en haut est une réalité, mais il s’agit de ne pas s’arrêter aux diverses doctrines sur ce qu’’il faut ou non manger, sur ce qu’il faut ou non croire, comme le dit l’apôtre dans la lettre aux Colossiens. Ne pas s’arrêter sur la diversité des usages et des doctrines.
– N’ayons donc pas peur du vide, du silence, des autres expressions spirituelles, pas peur de ne pas avoir le dernier mot…car dans nos cœurs palpite une brûlure.
– Une interview de Pietro Sarto m’a frappée. Il dessine le Léman, en essayant de supprimer la ligne d’horizon, parce que celui qui regarde le paysage et donc aussi le tableau est dans le paysage et non pas au dehors. De même nous sommes en Dieu pas dehors. En Lui avec tous les humains et toute la création, avec la diversité et la pluralité de toute la création.

Homélie du pasteur Laurence Reymond, le 7 avril 2024

Homélie du pasteur Laurence Reymond, le 7 avril 2024

Prédication 7 avril 2024 Grandchamp
Jean 20, 24-31

Que n’a-t-on dit sur Thomas ? Il a été jugé, c’est le moins qu’on puisse dire. « Scandaleux d’exiger des preuves, comme ça, et de la part du Christ en plus ».
Et d’ailleurs il était où ce fameux dimanche où tous les disciples étaient réunis ?
Honte à lui qui doute, alors que tous les autres ont cru…
Aujourd’hui, je nous invite à nous asseoir à côté de Thomas. Que pensons-nous de lui ? Comment le voyons-nous?

Thomas : le disciple, le jumeau, l’incrédule, Thomas aux multiples facettes.
En réalité, je suis convaincue que Thomas nous permet d’approfondir notre connaissance du Ressuscité et d’élargir, de questionner notre foi.
Avec les versets qui précèdent, ce chapitre 20 de l’Évangile de Jean est comme un chemin pédagogique pour chacun de nous.

Quatre rencontres avec le Ressuscité, quatre situations différentes :
2 rencontres au tombeau avec Pierre et le disciple que Jésus aimait, puis avec Marie
2 rencontres dans un lieu clos
2 rencontres en groupe
2 rencontres personnelles.
Une fois 2 hommes et une fois une femme.

Intéressant de relever déjà la diversité de ces rencontres et des personnes concernées. Et chacune de ces apparitions présente une particularité, une approche différente de la part Ressuscité.

Il se donne
à voir au groupe des disciples réunis,
à entendre pour Marie en la nommant,
à comprendre (réflexion) à travers la mémoire des écritures pour Pierre et le disciple aimé,
à toucher pour Thomas.
Voilà qui nous dit déjà beaucoup sur le Christ, le Ressuscité, sur son incroyable capacité à s’adapter aux besoins de chacun.
Il rejoint les disciples réunis, Thomas
et bientôt les disciples d’Emmaüs à chaque fois d’une manière différente et adaptée.
Est-ce surprenant, étonnant ? N’est-ce pas déjà dans les habitudes de Jésus de Nazareth ?
Le propre de Jésus, en particulier lors des miracles et des guérisons, était de rejoindre l’autre dans ses blessures et sa vulnérabilité… dans son histoire et ses particularités.

Et pour ce faire, Jésus mobilise tous les sens :
la vue, un regard attentif, aimant qui le touche si intimement qu’il le ressent dans ses entrailles,
l’écoute de l’autre, de son désir
puis vient la parole performatrice et le geste.

Comme une capacité de vivre pleinement l’incarnation, jusque dans son corps en utilisant ses sens pour aller vers l’autre et le comprendre.
En tant qu’aumônier, je suis particulièrement touchée par le soin que Jésus met à rejoindre les personnes là où elles en sont, par sa délicatesse, son respect, son inventivité.
A chacun, il offre une manière personnalisée de l’approcher tout en respectant son besoin.

Mais le toucher à une place particulière. Alors qu’il vit dans une société de règles et d’interdits, Jésus va toucher, beaucoup… En particulier les intouchables. Signe de sa compassion, de son amour inconditionnel pour l’autre… Il va toucher la peau du lépreux, les yeux des aveugles, la bouche et les oreilles du sourd-muet… Même les autres vont tenter de le toucher pour guérir comme la femme hémorragique.

Et avec Thomas aussi, il est question de toucher. Thomas, authentique, entier, fougueux, questionne et exige. Parce qu’il n’a pas vu le dimanche précédent, il exige non seulement de voir mais aussi de toucher. Il veut la preuve tangible que le Ressuscité est bien l’homme qu’il a suivi, écouté, admiré… et qui est mort supplicié sur la Croix. C’est bien l’identité du Ressuscité que Thomas interroge.
La réponse et la réaction de Jésus s’offre à deux niveaux pour lui, et du coup pour nous aussi.
Premièrement, le Ressuscité porte bien les stigmates du Crucifié. Il est bien la même personne… Remarquez que l’on est bien loin d’un Christ souverain et glorieux ! Et à un autre niveau, dans sa manière d’être en relation, le Ressuscité est animé par le même amour, la même faculté à s’adapter à l’autre, que Jésus de Nazareth.

Vous l’aurez sans doute remarqué, le Ressuscité précède même la demande de Thomas. Il vient le rejoindre dans son enfermement, dans son doute, dans son besoin. Oui, Thomas a besoin de sa propre expérience. Il ne veut pas, ne peut pas croire par ouï-dire. Il demande une rencontre, une expérience personnelle avec le Ressuscité.

Et cette expérience l’ouvre à la foi. Le Ressuscité est bien Jésus de Nazareth arrêté et crucifié. S’en suit une confession de foi magnifique. Grâce à Thomas l’incrédule, la divinité de Jésus mort et ressuscité est explicitement confessée.

Vous l’aurez, sans doute, compris, la rencontre, l’apparition du Ressuscité à Thomas nous concerne aussi, nous autres qui sommes en sa compagnie ce matin… et chacune des communautés ecclésiales que nous représentons.
Avec Thomas, nous venons de le voir, ni le témoignage ni l’expérience des autres disciples n’ont suffi à le convaincre.

C’est bien une rencontre personnelle avec le Ressuscité qui fait jaillir la foi de Thomas.
Mais en même temps, c’est bien l’expérience partagée et racontée par ses compagnons qui permet à Thomas d’identifier et de nommer sa propre attente.
Expérience spirituelle personnelle et partage communautaire s’enrichissent mutuellement. Les eux sont nécessaires !
La présence et le témoignage de la communauté des disciples, la rencontre personnelle avec le Ressuscité et l’infinie délicatesse de Dieu ont conduit Thomas à la foi.
Finalement ce magnifique récit d’apparition du Ressuscité à Thomas nous interroge tant sur notre accueil de demandes personnelles que sur la qualité de notre témoignage personnel et communautaire… mais aussi sur la manière dont nous intégrons l’entièreté de la personne, corps, âme, esprit… et notamment avec les sens, les siens et les nôtres… à la suite Jésus-Christ.

Homélie pour Lundi de Pâques, le 1er avril 2024

Homélie pour Lundi de Pâques, le 1er avril 2024

Homélie du lundi avant midi
Evangile selon Matthieu 28,16-20
Nous avions laissé Marie hier à l’aube, en chemin. Nous la retrouvons en Galilée. Ecoutons ce
qui se passe pour elle :
Et voilà que je suis arrivée en Galilée. Je suis allée avec les autres disciples sur la montagne.
Vous savez, le verbe choisit en grec dans le récit pour aller, c’est un « aller » qui veut dire
poursuivre le voyage que nous avions déjà commencé. Et c’est à cela que le Christ nous a invité
en nous offrant ces dernières paroles. Il nous a invité à poursuivre le voyage commencé avec
lui en Galilée.
C’est vrai que ces paroles du Christ peuvent sembler imposantes ! Elles peuvent faire peur. On
peut se demander comment accomplir cette mission dans un monde qui n’en veut peut-être
pas.
Nous voici ensemble, avec les autres, ensemble frères et sœurs du Christ, à laisser résonner
ses paroles dans notre cœur. Et voici comme elles résonnent pour moi, en moi :
Marie, poursuis le chemin que nous avons commencé ensemble. Tu as pu vivre ta Pâques : te
voilà relevée pour poursuivre ta vie.
Vis cette manière d’être au monde et dans le monde que je t’ai partagée, transmise.
Ce mouvement de Dieu : la vie plus forte que la mort ne peut être contenu. C’est un
mouvement de l’être qui cherche la vie, déploie la vie, partage la vie, choisit la vie.
Vis de ce mouvement dans toutes tes relations : à Dieu, aux autres, au monde, à toi-même
aussi. Et ce mouvement de l’être sera partagé, transmis autour de toi.
***
En moi, confiance et doute s’entremêlent quand je laisse résonner les paroles du Christ dans
mon cœur. Confiance parce que j’ai fait l’expérience d’être relevée, remise debout, vivante
pleinement vivante et que même la nuit la plus obscure ne peut me dérober cette expérience
entièrement.
Doute parce que je doute de moi, je doute du monde et que les mouvements dans le monde
qui tuent la vie sont si forts !
***
Alors je laisse les paroles du Christ résonner encore une fois dans mon cœur : Marie, tu sais,
cette manière d’être au monde, d’être dans le monde est si précieuse. Le monde en a
tellement besoin. Vois autour de toi comme la vie est menacée, bafouée, réduite à néant. Vois
autour de toi tout ce qui diminue la vie !
Marie, cette manière d’être, ce mouvement du Vivant, transmets-le, partage-le par un regard
qui dit l’accueil sans condition et la dignité de celui que tu rencontres, par un geste qui nourrit
la faim de l’autre, par une goutte d’eau offerte à celui qui ressent la soif au plus profond de
lui. Et parfois ce sera par un silence que tu partageras cet être au monde, ce mouvement de
Dieu dans le monde : être avec l’autre dans ce qu’il vit, être présent à l’autre, pour l’autre.
Et ainsi donner à l’autre de vivre ce mouvement de Dieu.
***
Être messagère, porteuse de la présence de Dieu. Un peu à la manière d’un ange discret,
incognito parce que l’accueil de ce mouvement du Vivant ne m’appartient plus.
Alors tout comme à l’aube de Pâques, il n’y a pas eu de renversement du monde mais en moi
si, il pourra y avoir un renversement intérieur chez celui/celle que je rencontrerai…
En laissant résonner ces paroles du Christ dans mon cœur, je me souviens de toutes ces
rencontres qu’il a faites en Galilée sur son chemin:
Un geste, un regard, une parole. À chaque fois une rencontre personnelle qui a fait naître la
personne rencontrée à une vie pleine de vie ! C’est à cela que je suis appelée à sa suite.
***
Alors je me suis levée et je me suis tournée vers mes frères et mes sœurs et je leur ai dit :
Dieu avec nous, n’est-ce pas ce que nous avons vécu avec le Christ ? Mes chères sœurs, mes
chers frères en Christ, Dieu avec nous : il est présence (discrète) dans notre vie et dans notre
monde :
Plus forte que la nuit, la lumière ! Plus fort que la haine, l’amour ! Plus fore que la peur,
l’espérance ! Plus forte que la solitude, notre communion !
Ce mouvement est là, présent dans notre vie, même si parfois il semble si fragile, si discret.
Dans tous les mouvements de notre vie, dans tous les mouvements du monde, le
mouvement de Dieu : lumière, confiance, amour, espérance, communion, vie !
Retournons dans notre Galilée et que dans notre quotidien nous puissions vivre, bouger,
exister. Être présent-e au monde et comme une grâce offrir de la vie au monde ! Amen