Homélie par la pasteure Nicole Rochat, le 3 septembre 2023

Homélie par la pasteure Nicole Rochat, le 3 septembre 2023

Offrir à Dieu un sacrifice mort ou vivant ?
Jr 20, 7-9   Rm 12, 1-2  Mt 16, 21-27

S’offrir soi-même en sacrifice vivant… qu’est-ce que cela suscite en vous ? Un sentiment de joie, de bonheur ? Ou une aspiration au masochisme et à trouver votre plaisir dans la souffrance ? Je suis surprise de m’apercevoir que ce terme est perçu davantage sous la forme macabre de la douleur volontaire que sous l’angle joyeux du service à son papa du ciel.

Pourtant, lorsque Paul nous encourage à nous offrir nous-mêmes comme sacrifice vivant, il nous propose de le faire en réponse à la tendresse maternelle que Dieu nous manifeste. Chouraqui va jusqu’à parler « des matrices d’Elohim », en allusion à la joie de la maman qui porte son enfant en elle et qui se réjouit de pouvoir l’offrir à la vie et le voir évoluer, grandir, s’épanouir. Dieu est celui qui, simultanément à notre mère, nous a portés, chéris, aimés. Rien à voir bien sûr avec le côté parfois sanguinolent d’un accouchement.

Ce Dieu-là, dont la matrice vibre pour nous en résonnance à notre venue à la vie, pourrait-il souhaiter que nous nous fassions du mal pour lui plaire ? Cela me semble difficilement concevable. Mais alors, pourquoi avons-nous interprété que s’offrir en sacrifice vivant reviendrait à se sacrifier soi-même ? Notez que ces deux termes « sacrifice » et « vivant » ont un côté paradoxal : le sacrifice d’un animal, sous l’ancienne alliance, utilisait la mort dans sa fonctionnalité sanctifiante et réparatrice. Mais un « sacrifice vivant » offre une nouveauté de sens. Ce sacrifice-là ne tue plus ! Un sacrifice vivant ouvre à une qualité de vie différente, inaugurée non par notre mort, mais par celle du Christ.

Si Christ est mort une fois pour toutes et tous, vouloir se sacrifier soi-même ne revient-il pas à mépriser le sacrifice entièrement suffisant accompli par le Christ ? Mais alors, qu’est-ce que cela peut bien signifier que de s’offrir soi-même en sacrifice vivant ? Tout d’abord, il ne s’agit pas d’offrir nos corps, comme si nos corps étaient porteurs de péchés qu’il fallait expier. Non, l’expression « offrir nos corps » est une manière de nommer une partie pour indiquer le tout : offrir nos corps, c’est s’offrir soi-même, offrir toute sa personne, tout son être dans un acte de consécration à Dieu. Ne rien retenir, ne rien garder pour soi, mais être totalement dans le don de soi à Dieu. C’est cela un sacrifice vivant, joyeux, heureux, vécu dans le prolongement de cet amour matriciel reçu de Dieu.

 

Ainsi donc, on est appelés à d’abord recevoir, avant de souhaiter donner. Se laisser remplir, combler avant de tenter de déverser à notre tour de cette abondance d’amour reçue de Dieu. Ainsi donc, nous pouvons nous ouvrir à un fonctionnement comparable à celui des poumons : ils se remplissent avant de pouvoir donner. Le geste qui sauve dans les premiers secours, c’est celui d’insuffler de l’air dans les poumons pour qu’il puisse réoxygéner le sang de la personne, amener l’oxygène dans tous les tissus du corps et ainsi leur redonner vie. L’amour de Dieu a lui aussi besoin de pénétrer en nous et de rayonner dans tout notre être, corps, âme, esprit pour nous donner sa vie.

Ne pas nous conformer au temps présent devient alors une évidence : la présence de Dieu qui circule en nous, nous transforme de l’intérieur. C’est pour cela que Paul dit : « N’entrez pas dans le schéma du monde, ne vous laissez pas modeler par le monde, ce serait faire fi de l’œuvre de Dieu en vous qui vous transfigure, comme elle a transfiguré Jésus lors de la rencontre avec Moïse et Elie sur le mont Thabor. C’est une question de priorité : la métamorphose de l’être intérieur doit primer sur l’influence de l’environnement. L’écoute de Dieu doit être prioritaire sur l’écoute du monde environnant.

Cela signifie-t-il qu’il faille être systématiquement en décalage avec la société qui nous environne ? Heureusement pas. On a trop souvent pensé que, être transformé par le renouvellement de l’intelligence, voulait dire s’opposer à la modernité, comme si adhérer à des valeurs vieillottes était préférable au fait d’adhérer à des valeurs actuelles. Or, c’est du pareil au même : dans les deux cas, on se laisse influencer par l’extérieur au lieu de donner la priorité à ce qui rayonne de l’intériorité de l’être. Refuser le progrès pour être vieux jeu n’apporte rien. C’est l’écoute de Dieu qui compte, car c’est elle qui renouvelle notre intelligence. Elle apporte donc de la nouveauté et non un retour en arrière. Elle pousse en avant, elle stimule, elle ouvre à une pensée renouvelée qui justement bouleverse les ornières du passé, remet en question les choses qu’on pensait immuables, apporte des éclairages inédits dans des domaines inexplorés. C’est cela, me semble-t-il, le renouvellement de l’intelligence.

Nous offrir nous-mêmes en sacrifice vivant, ce n’est donc pas aspirer à la souffrance, ce n’est pas non plus la craindre, mais vivre une sorte de lâcher prise pour donner la priorité à ce que nous ressentons être la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait.

Jérémie, dont nous venons d’entendre le témoignage, n’a pas vécu que des expériences positives en lien avec son service du Seigneur. En particulier, il souffre de la moquerie et du manque d’estime face au message dont il se sent porteur. Alors, dit-il, j’ai voulu oublier Dieu, ne plus parler de sa part, mais… « il y a alors au plus profond de moi comme un feu intérieur qui me brûle. Je m’épuise à le maîtriser, mais je n’y parviens pas. » (Jérémie 20,9). Oui, l’appel de Dieu est puissant. Il est difficile d’y résister, peut-être que certain.e.s d’entre vous l’ont expérimenté, mais dans ce cas, vous avez aussi pu découvrir combien il apporte de joie. Il donne la force de tenir bon face aux difficultés.

Jésus l’a lui aussi expérimenté. Quand il était au jardin de Gethsémané, il a hésité. Il s’est demandé : J’y vais ou j’y vais pas ? Et pourtant, quand Pierre lui dit que ça ne lui arrivera pas, il lui demande de se taire. Son appel à donner sa vie pour que tous les hommes et les femmes puissent recevoir le pardon et la vie éternelle, cet appel est comme un feu intérieur bien plus fort que toutes ses peurs et ses appréhensions. Jésus a replacé la volonté du Seigneur au premier plan.

Depuis que Jésus a accompli ce sacrifice mortel, nous n’avons plus à en réaliser. Au contraire, c’est à un sacrifice vivant que nous sommes appelés, mais c’est le plus exigeant qui soit, puisque c’est celui de tout notre être. Il est à considérer comme un culte spirituel, c’est à dire la meilleure manière de servir Dieu. Alors réjouissons-nous de pouvoir offrir à Dieu un sacrifice vraiment vivant !

Prédication par le pasteur André Sauter, le 27 août, 2023

Prédication par le pasteur André Sauter, le 27 août, 2023

Esaïe 22, 19-23   Lettre aux Romains 11, 33-36 et Matthieu 16, 13-23

Qui suis-je ? qui es-tu ? qui est Je suis? est-ce que vous vous êtes déjà demandé cela ?  Si vous êtes à la retraite et que vous vous présentez, vous direz peut-être j’ai été ceci ou cela… Est-ce qu’on a été ou est-ce qu’on est ?

Je peux décliner milles identités variées, je suis blanc, homme, suisse, retraité, habitant Bassins… est-ce que cela dit vraiment qui je suis ? Ce sont des catégories qui sont trop partielles, trop étroites…. Pourquoi ne pas élargir… et si je suis plus que cela ?  Si celui que je rencontre est plus que cela ? qui sommes-nous ?

Si nous prenions du temps pour dire l’un à l’autre qui nous sommes. Mais le savons-nous ? Dans des sessions de travail sur soi, un animateur propose par groupe de deux de répondre à la question qui suis-je, pendant environ 15 minutes.

Certains diront en premier lieu ce qu’ils ont parfois entendu de leur entourage : « je suis nulle, pas ordrée, égoïste, insensible », et j’en passe.

Puis viendront peut-être d’autres termes : »je suis venue de la voie lactée, venue des origines, je suis conscience, je suis Vie, je suis enfant de Dieu, mystère, sœur des arbres, du soleil, éternelle, je suis » et finalement viendra le silence…

Et donc on voit que la question que Jésus pose : qui suis-je ? nous devons aussi nous la poser les uns aux autres, comme Pierre a découvert dans ce dialogue des faces inconnues de son identité et a dû s’interroger sur ce qu’il était. Cela nous concerne de manière vitale et influencera notre quotidien.

Dans le premier texte d’Esaïe 22, le responsable de Juda est remplacé par Elyaquim. Cela interpelle, on est donc interchangeable, quelqu’un peut prendre ma place du jour au lendemain. Cela rappelle la parole de Jésus : Des pierres que voici, Dieu peut susciter des enfants d’Abraham. Il s’agit donc de ne pas trop se prendre la tête sur notre identité visible. J’ai une identité paradoxale : j’occupe une place certaine mais je ne suis aussi qu’une toute petite cellule d’un grand corps.

L’identité de Pierre est contrastée… son prénom change… je peux donc changer d’identité… Je peux devenir vaste à tel point de pouvoir lier ou délier au ciel, et vous aussi, pas seulement l’apôtre… je peux aussi égarer l’autre, être instrument de perdition, diabolique (littéralement qui sépare).

Vertige devant ces perspectives… Comme être ? et alors ne s’agit-il pas simplement de laisser être ? Celui qui est.

Marguerite Porete, béguine du Moyen-âge, dira : « Je suis Dieu » et elle sera brûlée pour cette parole, dénoncée comme hérétique. Et pourtant, si nous pouvions chacun retrouver cette identité qui est première.

Je suis dans le Je suis… je suis buisson ardent.

Je suis à la fois le disciple, Moïse qui regarde le buisson, qui se tourne vers Dieu et je suis aussi le buisson ardent, buisson ardent appelé à resplendir de la lumière divine qui me constitue…

Quand les coreligionnaires de Jésus disent : il est Elie, Jean-Baptiste…. Ce n’est pas tout faut, Jésus est dans la lignée de ces grands prophètes, mais Jésus est bien plus que cela… de même quand on dit des autres, il est ceci ou cela, cela correspond en partie à leur identité, mais l’autre est bien plus que cela…il est partie de ce grand corps divin… il est Un en Dieu.

Comme le dit l’épitre aux Romains, nous ne savons pas vraiment qui est Dieu, cette Présence, ce qu’est la réalité, de même nous ne savons finalement pas vraiment qui nous sommes, qui est l’autre…

Si donc moi et l’autre et l’arbre et la vache… sont des éléments de la grande présence divine… sont en Dieu… je vais interagir différemment avec eux, je vais les considérer autrement. Ils ne sont plus objets, mais sujet.

Je vais arrêter de maltraiter ce grand corps qui est quelque part mon corps.Et si l’autre me fait du mal… je vais le lui dire avec force et respect, avec fermeté et patience en sachant qu’il est partie du Je suis qui est le nom divin : Je suis celui qui est. Cela n’empêche pas que je puisse prendre de la distance, suivant ce que je subis ou fait subir à l’autre, mais dans le respect.

Je suis…. Laisser résonner : Tu es… pas besoin d’ajouter milles étiquettes, milles activités… je suis occupé… et si je devenais vacant…vide, comme encourage tant maître Eckhart, à faire le vide… pour découvrir que je suis plein de Dieu… habité… j’ai un fondement et l’autre aussi…. Pas de souci, pas de stress. Si Je suis en Dieu… que craindre ?

Révolution copernicienne… bien-sûr à intégrer avec prudence, pour ne pas se prendre pour Dieu. Personne ne posséde Dieu, on peut être en Lui. Il n’y a pas trop de risque que cela nous monte à la tête.

En général on a un accent davantage dualiste… Dieu est tout et je suis vis-à-vis…. Juste une créature… de l’herbe qui passe…Mais il s’agit de ne pas oublier l’autre face de chacun… Je suis…je suis né « monogeneis » un , Jean 1,14, comme Jésus, comme chacun … Amour devenu visible, conscience manifestée. Le silence est nécessaire pour accueillir et faire l’expérience de la bonne nouvelle.

On voit en tout cas qu’il ne faut pas se précipiter. Il s’agit de faire halte, d’abandonner les chevaux de bataille, et bien plutôt prendre l’ânon. Écouter, regarder, ne pas juger de l’extérieur.

Notre identité est fluctuante, pas définitive, pas statique. Nous n’avons pas à la solidifier en une identité extérieure définitive, ni à nous y identifier de manière vigoureuse.

Nous avons à cultiver ce regard du cœur, ce regard d’unité profonde qui accueille les 2 faces de la vie, joie et souffrance, éternité et relativité. Ce regard peut nous apporter grande paix et calme. Tout ce qui arrive est partie quelque part du Je suis.

Il y a bien-sûr danger d’être extérieurement comme des bisousnours…. Je proclame : Tout est un, j’accueille tout… alors qu’il y a de grandes violences, des absurdités si douloureuses, comme le montre l’égarement même de Pierre, que je suis habité de tant d’ombre.

Jésus a des paroles vigoureuses… la psychologie nous rend attentif au grand danger des déviations mystiques, des envolées idéalistes. Denis Vasse, psychanalyste jésuite, insiste sur l’importance d’honorer les identités particulières et changeantes. Un enfant adopté a des besoins particuliers. Un enfant qui donne des coups de pied signifie des besoins vitaux. L’autre n’est pas moi… il a ses besoins, comme moi, à honorerL’apôtre Paul dans Romains 12 sur le corps du Christ, met en lumière l’unité et la diversité. Je n’ai pas à vouloir que l’autre fasse comme moi. J’ai à laisser être, à le soutenir, à être attentif à ses propres besoins… de son corps, de son âme, de son espritÊtre dans une passivité active. Etre à l’écoute, puis agir. Cuisine délicate que la construction de nos identités. Entrer dans le sentiment d’unité de l’intérieur, « tout est de lui, et par lui, et pour lui » et respect de la diversité et de la différence.

Nécessité du silence pour passer le rivage de l’objet, de l’objectivation au rivage du sujet :

Je suis.

Homélie par le pasteur René Perret, le 16 mai 2021

Homélie par le pasteur René Perret, le 16 mai 2021

Célébration à Grandchamp – Dimanche 16 mai 2021
Jean 17,11b-19 / Actes 1,12-14 / 1Jean 4,11-16

Ce dimanche, nous sommes entre l’Ascension et Pentecôte.
Entre le moment où le Christ quitte la vue de ses disciples pour rejoindre son Père, et le moment où le Saint-Esprit descend sur les disciples, les emplissant d’une force nouvelle, d’une présence nouvelle.

La première lecture nous le rappelle : en ce temps d’attente, les disciples sont assidus dans la prière.

Comme les disciples, année après année, nous suivons le chemin de la vie du Jésus, depuis son annonce à l’Avent, puis de Noël aux Rameaux, Vendredi-Saint et Pâques, puis l’Ascension et Pentecôte.

Comme les disciples, nous vivons aujourd’hui ce temps d’attente, dans la joie à venir du don de la Pentecôte.

Nous connaissons bien ces étapes, ces fêtes de joie mais aussi de douleur.
En les vivant à nouveau, nous recevons à chaque fois le cadeau qu’elles contiennent.
Et même, nous en découvrons davantage sa richesse de sens, de force vive, une joie renouvelée.

Or, bonne nouvelle !
Dans ce dimanche qu’on pourrait dire « d’attente » entre l’Ascension et Pentecôte, voici que l’Evangile nous fait ce cadeau inestimable : nous sommes conviés à entendre la prière que Jésus adresse à son Père.

Jésus ne s’adresse pas à nous. Il parle à son Père.
Nous sommes ici auditeurs d’un moment d’intimité entre le Père et le Fils.
Nous sommes à la place disponible pour nous dans la communion de la Trinité, (geste vers l’icône de la Trinité) et nous entendons Jésus parler de nous à son Père.

Que lui demande-t-il ? Que Dieu nous donne d’entrer dans cette relation unique qui est celle que Jésus a vécu de tout temps avec son Père.

Que Jésus ait été uni à son Père, toute sa vie en témoigne. En le voyant faire, en l’écoutant, nous découvrons qui est ce Dieu invisible et au-delà de notre intelligence.
Jésus a été l’incarnation de Dieu tout-puissant et miséricordieux. En lui, l’Amour s’est fait visible, tangible, audible.

Ce qu’il demande à son Père de nous donner, c’est d’entrer dans cette proximité-là, pour que cet amour qui les lie devienne nôtre, qu’il prenne chair dans notre vie.

Ainsi, d’être un comme le Fils et le Père sont un, vivre l’unité, ce n’est pas d’abord un travail d’accueil à faire, un effort de compréhension.
Mais c’est premièrement recevoir ce cadeau de Dieu : il nous aime intimement comme il aime son Fils.

Ce cadeau, l’accueillir jusqu’au profond de notre être, et qu’il ressource nos gestes et nos attitudes, nos paroles et nos pensées.

Cette unité, de source commune, elle nous transporte de joie quand nous la vivons avec des sœurs et des frères. À la lumière de cet amour premier, nos différences deviennent beauté d’un bouquet de fleurs des chants.

Cet amour unique et unifiant, que Jésus nous a donné à entendre, à recevoir, nous sommes appelés à l’apporter à notre tour au monde, tellement aimé par Dieu.

Ce monde, que nous pouvons parfois percevoir comme un bloc hostile, méprisant notre témoignage et sourd à l’amour de Dieu, souvenons-nous que nous en avons fait partie.

Et si nous croyons aujourd’hui, si notre joie d’être aimé est imprenable aujourd’hui, il y a bien d’autres personnes comme nous dans ce monde qui sont en attente de notre rayonnement.

C’est pourquoi Jésus demande à Dieu de nous consacrer par la vérité.

Quand je pense à ce verbe : se consacrer, c’est d’abord cette expression populaire qui me vient :
une personne qui se consacre à sa tâche, elle y met tout son cœur, toute son énergie, tout son temps.
Celles et ceux que nous connaissons qui se sont consacrés à leur tâche, ils nous marquent par leur détermination, leur courage parfois.

Jésus ici dit se consacrer pour nous ; il va mener sa mission jusqu’au bout : monter sur la Croix pour indiquer que l’Amour est plus fort que la mort et le mal.

Nous avons vu Jésus déclarer « Tout est accompli » avant de rendre son esprit à Dieu.
Nous avons cru que Dieu l’a ressuscité, indiquant par là que la vraie vie qui ne finit pas, c’est celle qui est animée par cet amour.

Etre aimés ainsi, être unis ainsi au Père et au Fils, quelle joie et quelle lumière !
Jésus nous envoie, tels que nous sommes, pour les faire rayonner dans le monde. Amen.

Homélie par le pasteur Joël Pinto, L’Ascension, le 13 mai 2021

Homélie par le pasteur Joël Pinto, L’Ascension, le 13 mai 2021

ASCENSION Eph 1, 17-23; Act 1, 1-11 et Lc 24, 44-53
Nous venons d’entendre ce passage de l’Évangile de Luc, où l’on peut lire que Jésus, après avoir bénit ses disciples, se sépara d’eux et fut emporté au ciel.

Luc se réfère encore à l’ascension, au début du Livre des Actes des Apôtres, pour souligner qu’un tel événement est comme le lien qui unit la vie terrestre de Jésus à la vie de l’Église. Il signale le nuage qui soustrait Jésus à la vue de ses disciples et les deux hommes qui apparaissent en robes blanches et les invitent à ne pas rester immobiles, en train de contempler le ciel, et annoncent la promesse que Jésus reviendra de la même manière qu’ils l’ont vu monter au ciel. Par conséquent, la célébration de la fête de l’Ascension du Seigneur, est pour nous un chant de victoire et d’espérance !

La couleur blanche représente, d’après le symbolisme biblique, l’univers de Dieu.

Il y a un lien évident entre ces deux hommes en robe blanche et les deux hommes aux vêtements éblouissants qui apparaissent dans la tombe de Jésus, le jour de la Résurrection. Les paroles prononcées par ces deux hommes constituent l’explication de Dieu pour l’absence du corps du crucifié : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité » !

Maintenant, avec le regard de la foi, les apôtres comprennent que, bien que Jésus soit soustrait à leurs yeux, il reste pour toujours avec eux et, dans la gloire du Père, ne les abandonne pas. Voilà pourquoi l’Ascension n’indique pas l’absence de Jésus, mais nous dit, bien au contraire, qu’Il est vivant parmi nous d’une manière nouvelle. Il ne se trouve pas dans un lieu spécifique, dans le monde, comme c’était le cas auparavant, mais il est maintenant dans la Gloire de Dieu tout en étant mystérieusement présent dans l’espace et le temps, proche de chacun de nous. C’est bien ce que nous signifions en récitant le credo quand nous disons que Jésus « est monté au Ciel, qu’il s’est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant ».

Cette fête nous invite également à être des témoins de Jésus, qui vit dans le Ciel, dans l’Église et dans le cœur de chacun de nous.

Le jour de l’ascension de Jésus nous apprenons que les disciples ont regagné Jérusalem pour ensuite aller proclamer partout le message de Jésus.

Avec cela, nous observons encore que l’Ascension de Jésus n’indique pas son absence temporaire du monde, mais inaugure surtout la forme nouvelle et définitive de sa présence parmi nous, en vertu de sa participation à la Gloire divine. Les disciples, renforcés par la puissance de l’Esprit Saint, sont chargés de rendre perceptible la présence du Christ parmi les hommes par le témoignage, la prédication et l’engagement missionnaire.

Pour nous, la fête de l’ascension a trois aspects très importants :

• Le premier, c’est la certitude que, aussi incertaines et dénuées de sens que la réalité et notre vie apparaissent souvent, il y a un Seigneur dans le ciel, qui a tout, avec amour et puissance, entre ses mains. Rappelons-nous les paroles de la lettre aux Ephésiens, que nous avons entendue tout à l’heure : « sachez qu’elle immense puissance Dieu a déployé en notre faveur, à nous les croyants : son énergie, sa force toute puissante, il les a mises en œuvre dans le Christ lorsqu’il l’a ressuscité des morts et fait assoir à sa droite dans les cieux, bien au-dessus de toute Autorité, Pouvoir, Puissance, Souveraineté et e tout autre nom qui puisse être nommé, non seulement dans ce monde, mais encore dans le monde à venir ». Il n’y a donc rien à craindre. En ressuscitant Jésus et en le glorifiant, Dieu nous révèle l’étendue de sa force : votre Seigneur est celui qui dirige tout, désormais. Vous et le monde dans lequel vous vivez, vous et l’histoire dans laquelle vous agissez, vous êtes entre les mains de celui qui est assis sur le trône, à droite du Père !

• Le second, nous révèle, alors que nous regardons vers le ciel, que le ciel est finalement en chacun de nous et que Celui qui se dérobe à nos yeux reste, malgré tout, présent dans nos vies. Par conséquent, nous sommes membres du Corps du Ressuscité, appelés à partager sa gloire. Telle est notre assurance.

• Nous sommes, enfin, appelés à témoigner courageusement de cette promesse devant le monde, en apportant l’espérance à ceux qui souffrent, aux abandonnés, aux désespérés, à ceux qui cherchent un sens pour leurs vies…

Comme les disciples, en acceptant l’invitation des « deux hommes en costumes brillants », nous ne devons pas rester les yeux fixés sur le ciel, mais, sous la direction de l’Esprit Saint, accepter d’être appelés à consolider notre foi en la présence réelle du Christ dans l’histoire, présence agissante, se déployant dans nos propres vies, gage d’un monde nouveau, transfiguré par l’amour. Car, sans cette présence agissante du Christ ressuscité nous ne pouvons rien construire de solide dans notre histoire humaine. Bien qu’avec nos yeux de chair nous ne puissions pas contempler le Seigneur dans sa gloire, nous pouvons, soutenus par l’Esprit Saint et avec les yeux de la foi, être sûrs que ce monde et notre vie ont un sens et que l’avenir repose sur une espérance.

Joël Pinto

Homélie par Jean-Philippe Calame, le 13 juin 2021

Homélie par Jean-Philippe Calame, le 13 juin 2021

Mes sœurs, mes frères,
                                      I
Le règne de Dieu est comparable à une graine qui pousse invisiblement ; il est encore semblable à la plus infime des graines. Ces deux paraboles bien connues devraient à tout le moins nous redonner une certaine liberté de pensée et surtout de nouveaux critères d’appréciation par rapport à une forme de dictature exercée continuellement sur nous depuis de nombreuses années. Je veux parler de la manie des sondages et des évaluations chiffrées, qui n’accordent de l’importance qu’à ce qui représente des succès immédiatement visibles. On n’accorde du crédit qu’à ce qui attire les foules, à tout ce qui s’impose par de l’ampleur : croissance fulgurante en entreprise, affluences records lors d’un spectacle, milliers de « likes » accordés à une vidéo ou un tweet posté sur internet, etc….

Assurément, le règne de Dieu n’obéit pas à ces critères. Plutôt comparable à une germination, le règne de Dieu connait des étapes tout à fait invisibles, et en termes d’influences il se présente comme la réalité la plus infime, même si à terme il se révélera d’une ampleur que nous ne pouvons imaginer ou concevoir.

Le règne de Dieu est donc en rupture avec le besoin très marqué de « signes », ces attestations fort réclamées à l’époque de Jésus. Le règne de Dieu tranche tout autant avec notre hantise actuelle à mesurer non seulement le succès, mais la légitimité de toute initiative ou créativité à des résultats quantifiés, à une croissance rapide, à une visibilité immédiate.

Bonne nouvelle donc : ce qui demeure, parfois longtemps, invisible et humble, peut tout à fait être consistant, légitime et parfois essentiel ! La méditation et l’assimilation de l’évangile devraient nous redonner de l’espace, nous affranchir de la pensée unique, et comme l’exprime l’apôtre Paul, fonder solidement une authentique espérance.

                                     II
Parmi nous se trouvent aujourd’hui des sœurs et des frères qui se sont engagés sur un chemin exigeant, humble, et qui représente un véritable défi de confiance, le chemin vers le pardon : un pardon, des pardons que l’on veut donner sur des points précis où certains de nos semblables nous ont profondément blessés. Parmi les obstacles que l’on rencontre sur ce chemin, il y a cette petite voix insistante qui voudrait évaluer notre capacité à pardonner ou quantifier notre désir de pardonner.
Cela peut prendre la forme de deux questions assez paralysantes : « Est-ce que j’arriverai à pardonner ? »
et « Est-ce que j’ai le désir de pardonner ? ». Derrière ces deux questions se déploie en toile de fond la fameuse question de l’authenticité ! Le pardon que je vais accorder sera-t-il sincère, alors que je souffre encore de ce qui m’a blessé ? Et le pardon que je vais accorder sera-t-il donné avec mon cœur, alors que mon désir de pardonner me semble encore si ténu, si fragile ?

Ces questions sont sérieuses, et elles habitent des cœurs qui ont une belle sensibilité. Mais l’adversaire excellera à nous présenter ces questions à sa manière, c’est-à-dire de manière à nous décourager !
Or, la réponse de fond à ces questions sera de se rappeler que le pardon appartient au règne de Dieu. Le pardon n’est pas une œuvre à taille humaine. Le pardon que je peux donner un jour en toute sincérité en tant qu’être humain est un fruit qui germe et éclot dans le terreau de l’alliance : le pardon naît de la rencontre entre l’œuvre du Christ et le oui de sa disciple, de son disciple. C’est parce que Dieu règne que le pardon peut fleurir dans un cœur humain, même très bouleversé.
Les deux paraboles écoutées ce matin nous parlent du règne de Dieu, elles peuvent donc éclairer notamment le pardon, cette expression privilégiée du règne de Dieu. Reprenons nos deux questions : «Le pardon que j’aimerais accorder un jour sera-t-il donné de tout mon cœur, alors que mon désir de pardonner me semble si ténu, et si incertain ? » Ici, la parabole de la graine de moutarde ouvre une perspective. À sa manière elle nous dit :
– Considère d’abord comme une merveille que, si petit soit-il, le désir de pardonner commence à poindre. Reconnaît cela, vraiment. Ton désir de pardonner se présente-t-il aussi petit que la plus petite graine ? Confié au terreau de l’alliance, confié au règne de Dieu dans le présent, cette petite pousse de désir deviendra comme la plus grande des plantes potagères, et comme elle produira des effets dont beaucoup bénéficieront.
Quant à l’autre question : « Est-ce que j’arriverai à pardonner ? ». La parabole de la graine qui pousse hors de notre vue peut t’encourager dans la durée. À sa manière, cette parabole te dit : « Tu as pris le chemin, tu es sorti pour semer cette graine si particulière qu’est le pardon. Tiens-toi proche du semeur en son espérance … ´nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment´. L’œuvre que le Christ a commencé au plus profond de toi, il a la force de la soutenir et la fidélité de la mener jusqu’au bout. »

                                     III
Oui, notre Seigneur, qui nous a donné le jour, ne cesse de nous vouloir vivants (et non pas à demi-vivants) ! Ezéchiel aussi nous rappelle ce matin que notre Dieu est plus grand que tout déterminisme. Pour nous le rappeler, Ezéchiel s’appuie sur une autre image saisissante de la nature : vous savez, ces petites pousses que l’on peut observer à la cime de vieux arbres. Au haut d’un conifère, d’un sapin, d’un cèdre, apparaît tout à coup comme un petit arbre en miniature, dont la jeunesse se signale par une couleur plus claire et plus intense, et dont la vitalité nous surprend.

Ezéchiel nous fait comprendre : qu’il s’agisse d’une dynastie prestigieuse ou d’une dictature indéboulonnable, que l’arbre tordu ou irrégulier représente une histoire de famille compliquée ou un parcours personnel dramatique, douloureux ou chaotique,… face à tout cela notre Dieu demeure souverain, il n’est ni impuissant ni insensible devant ce que nous voyons comme des déterminismes.  « À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée… (la montagne très élevée symbolise un lieu de la présence de Dieu, le fait qu’il est présent). Cette pousse replantée portera des rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de ses branches ils habiteront ». Notre Dieu est maître de la vie, il est le Seigneur des nouveaux départs, il est l’initiateur inlassable de nouveaux commencements.
Rien ne peut empêcher le Seigneur, en son amour, de renverser ce qui paraît définitif, d’apporter un changement radical à ce qui se présente comme scellé : «je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Je suis le Seigneur, j’ai parlé, et je le ferai. »

C’est avec ce Seigneur que nous marchons vers le pardon que nous voulons donner. C’est avec ce Seigneur que nous affrontons les questions les plus délicates et les plus décisives dans nos existences personnelles, communautaires et humanitaires. En chemin avec Dieu nous apprenons que les plus importantes réalisations ont des débuts très modestes, une germination invisible. En chemin avec le Christ nous éprouvons que notre cœur peu à peu se remet à battre, qu’il devient brûlant, qu’une confiance est là tout à coup qui nous étonne, comme une fleur humblement apparue à l’aube.
« Par d’autres et nombreuses paraboles semblables, Jésus nous annonce la Parole, dans la mesure où nous sommes capables de l’entendre. Avec en plus la promesse de nous expliquer en particulier à certaines heures, comme un Ami parle à ses ami-e-s ».

Amen.

Homélie par la pasteure Aline Lasserre le 24 juin 2021

Homélie par la pasteure Aline Lasserre le 24 juin 2021

Lectures bibliques :
Malachie 3, 1 à 4 et 22 à 24 : appel à se repentir et nouvel envoyé
Luc 1, 67 à 80 : cantique de Zacharie
Prédication : Silence de Zacharie et parole.

Je l’attendais mon homme, moi Elisabeth et il ne venait pas.
J’avais préparé le repas et je tournais un peu en rond, comme on le fait quand on sait que ce n’est pas la peine de se mettre à un ouvrage parce qu’il faudra s’interrompre sans tarder. Et tout à coup la porte s’est ouverte, mais ce n’était pas Zacharie, c’était Simon qui avait couru pour me prévenir en me disant : Zacharie a certainement eu une vision dans le temple et il ne parle plus. Simon c’est le fils de nos voisins, sa mère était toute jeune quand elle lui a donné naissance et nous avons souvent accueilli ce petit enfant qui est devenu pour nous comme un fils.
Un fils que nous n’avons pas eu et que nous n’aurons jamais, hélas.
Simon a bien rempli ce vide de nos cœurs et depuis 12 ans, je pense qu’il ne se passe pas 2 jours sans que nous ne le voyions venir en quête d’une réponse, d’un câlin ou juste d’une présence.
Il me connait bien Simon, il a pensé que je serai inquiète alors il est venu me prévenir.
Moi je savais que c’était le tour de Zacharie d’entrer dans le sanctuaire du temple pour porter à Dieu l’offrande du peuple, c’est un honneur et Zacharie était déjà ému quand il était parti ce matin pour le service du temple-
Zacharie, mon homme, porte bien son nom : Le Seigneur se souvient. Il remplit son office de prêtre en rappelant inlassablement au peuple que le Seigneur ne nous oublie pas, qu’il se souvient de ses promesses et de son alliance de toujours à toujours.
Il le dit et le redit en préparant les sacrifices au temple sous les portiques, le Seigneur ne cessera pas de nous visiter, il l’a promis par la bouche des prophètes, il déversera sur nous sa bénédiction en abondance, c’est le prophète Malachie qui le dit, mais il voit bien Zacharie que son peuple n’en est plus si sûr; les conflits, les malheurs font taire l’espérance. L’insécurité est grande et chacun peine au quotidien, comment faire des projets quand on ne peut même plus espérer que demain sera un jour meilleur ?
La violence est à fleur de peau dans tous les clans, on n’ose même plus exposer son point de vue sans craindre des représailles.
Zacharie est rentré, il m’a longuement regardée et moi aussi vous pensez bien que je l’ai regardé. Dans son regard, il y avait un mélange de lumière, de surprise encore et de gêne aussi.
Alors il a pris ma main, on s’est mis à table et il a souri.
Zacharie et moi nous formons un vieux couple, on sait aussi se comprendre sans parole, c’est ce que j’ai pensé ce 1er soir, je n’imaginais pas que ce silence allait durer et qu’il allait nous transformer en nous façonnant tous les deux.
Bien sûr il y avait la tablette où les mots prenaient le relais, mais que sont les mots sans expression ni émotion ?
Comment comprendre ces deux mots que Zacharie venait d’écrire en glissant sa tablette sous mes yeux, juste avant de quitter la pièce, silence = punition ?
Zacharie avait reçu une parole, un signe, une visitation de l’ange du Seigneur et il n’avait pas voulu, peut-être pas pu croire en Sa parole.
Peu à peu, j’ai compris que ce silence-là, n’était pas que punition, Dieu s’en servait et ce silence est devenu un cadeau.
Parler tout de suite n’aurait pas été approprié, un peu comme quand on fait retraite et que le Seigneur parle en nos cœurs, il faut garder le temps de recevoir les mots pour comprendre et pouvoir ensuite rendre compte de ce qui est survenu.

Moi aussi je me suis tue quand j’ai perçu dans mon corps que se réalisait l’annonce tant espérée et attendue. Moi non plus je n’ai pas cru, moi qui me croyait femme de foi, inébranlable, j’ai même un peu honte de vous le dire mais au Seigneur j’ai dit que : c’était trop tard, que c’était avant qu’il fallait nous répondre…Au fond ce long silence nous fait du bien parce que Dieu seul a repris la parole faisant taire en nous nos ennemis intérieurs.
Chacun de nous a les siens, c’est sûr, moi je ne les avais pas repérés si nombreux, me tenant captive, j’avais imaginé être une femme libre, une fidèle du Seigneur et voilà que je me trouvais honteuse, craintive du jugement des autres.
Moi la femme croyante, je découvrais que l’incrédulité l’emportait sur ma foi, ce n’est pas si simple de rester ancrée en Dieu et solide dans sa foi quand survient l’inimaginable ou l’épreuve soudaine et il m’a fallu un long temps pour comprendre que foi et incrédulité, foi et doute, s’entremêleront toujours.

C’est quand Marie est arrivée que les choses ont commencé à changer.
Marie c’est ma cousine et sa venue m’a tant réjouie que longuement je l’ai serrée contre moi, alors l’enfant que je portais a tressailli de joie et cette joie s’est répandue dans mon corps et dans mon cœur, je l’ai sentie comme nulle autre joie, c’était la joie du ciel en moi, une joie tellement forte qu’elle a chassé tout ce qui en moi y faisait obstacle jusque-là. C’est la 1ere fois que mon prénom s’illustrait si bien : Mon Seigneur est plénitude.
Le regard de Zacharie devenait toujours plus lumineux, comme s’il était tout à fait normal d’être réduit au silence et je les entendais rire Marie et lui, complices comme toujours.
Marie est repartie et notre enfant est né.
Juste avant que la maison ne se remplisse de la présence joyeuse, bruyante et affectueuse des voisins et de la parenté, Zacharie a posé sa main sur le front de l’enfant et sur mon front, il a fermé les yeux et c’est comme si je l’entendais faire monter sa louange au Seigneur qui fait grâce, ce sera le nom de l’enfant.
Alors ils sont venus pour marquer l’enfant du signe de son appartenance à Dieu, ils voulaient l’appeler Zacharie comme son père, mais moi j’ai dit que son nom était Jean.
Ils ont eu de la peine à me croire, aucun de nos ancêtres ne s’appelle Jean, alors ils ont interrogé Zacharie qui l’a confirmé par écrit.
Et c’est en traçant son nom : le Seigneur fait grâce que la parole lui est revenue. Dans le silence soudain les mots de Zacharie se sont posés dans nos cœurs comme une prière : Béni soit le Seigneur …

« Béni soit le Seigneur » ce sont les 1ers mots de nos matins et les derniers de nos soirs. Ces 1ers mots de bénédiction ont retenti comme les mots de la libération, non seulement de Zacharie, mais de nous tous.
Le Seigneur nous emplit de sa bénédiction, il nous comble d’une espérance nouvelle. Il nous libère pour que nous puissions lui rendre notre culte, que nous puissions en toute liberté faire monter vers lui notre louange, je réalisais que personne jamais n’aura prise sur cette liberté que le Seigneur nous donne pour le louer et vivre de sa présence.

C’est vers ce Seigneur que Zacharie nous a de suite orientés.

« Béni soit le Seigneur qui a visité son peuple ». Souvenez-vous,
plusieurs fois au temple je vous ai dit que le Seigneur ne cesse de nous visiter, maintenant c’est par un petit enfant qu’il vient nous le dire. Alors asseyez-vous, faites silence vous aussi et vous comprendrez ce que l’Esprit viendra annoncer en vos cœurs.
Dieu ne se contente plus de poser sur nous son regard, non, maintenant il va venir nous libérer de nos ennemis et nous permettre à tous de l’adorer en esprit et en vérité.
Ce petit enfant qui vient de naître sera chargé de nous le rappeler, le Seigneur nous l’envoie pour nous ramener à lui, inlassablement, et préparer le chemin du Messie, car Il va venir et il vient Celui que nous attendons, le Sauveur et le Seigneur du monde.

Aujourd’hui, accueillons ensemble cette promesse qui se réalise déjà et nous invite à louer notre Seigneur qui vient nous libérer de la désespérance, de la peur et de l’inertie en orientant nos regards vers le Christ, astre venu d’en haut pour éclairer nos routes et dissiper nos ténèbres,
C’est lui, le Seigneur, qui sera notre lumière de toujours à toujours et qui nous mènera vers un juste chemin, sur le chemin de la paix-
Amen

Aline Lasserre , Grandchamp 24 juin 21