Lectures : Gen. 9, 8-17, 2 Co. 11, 29 + 12, 10, Ev. selon St. Luc, 8, 4-15
L’Evangile, une fois encore, nous rappelle que Dieu sème la Vie et l’Amour, à tout va !
S’il fallait une image pour illustrer ce geste, je pense au « semeur » de Van Gogh : on y voit un homme au geste large, la main ouverte, et, l’éclairant : un grand soleil : symbole de Dieu, qui, par son éclat, habite le ciel et la terre.
La semence n’est pas réservée au pré-carré, elle est jetée sans compter et sans fin, destinée à tous les terrains, en tout temps d’ailleurs il est dit que tous l’ont entendue ou même accueillie.
Comme Dieu ne fait rien sans nous, Il nous a confié le relais = la responsabilité de poursuivre l’œuvre engendrée en nous, en étant, à notre tour et à sa suite, semeurs de vie et d’amour : là se jouent notre fidélité, notre obéissance.
Les mystères douloureux, les épines qui font mal, les coups de gel et de grêle qui blessent, les injustices qui découragent mais aussi l’aisance trompeuse, les tentations peuvent être autant de risques que notre terre intérieure se dénature, même un cœur loyal et bon  est à risque; mais j’aime croire à la fidélité infatigable du semeur qui poursuit sa démarche sans relâche, débroussaillant les champs encombrés, rendant fertiles les terres devenues incultes, par son Souffle de Vie et d’Amour rendant sa véritable identité à notre être profond.
Il arrive que le semeur ait affaire à des cas singuliers comme Paul, ce passionné de Dieu, qui se vante d’avoir tout vu, tout vécu, plus et mieux que le reste de l’humanité ; mais sa fougue doit être évangélisée et elle l’est au prix d’un effondrement tel, qu’il ne sait pas dire si ça s’est passé dans son corps, avec son corps ou hors de son corps.
Il consacrait sa vie à diffuser la loi de Dieu, mais en persécutant Jésus. Alors, c’est Jésus lui-même, parole vivante de Dieu, qui le rappelle à l’ordre : un peu douloureusement, en lui révélant une fragilité qui s’imposera à lui, présence désagréable, écharde dans la chair, ange de Satan lui rappelant que la force qui doit l’animer est à puiser à cette source de Vie et d’Amour qu’est le Christ ; la force de sa fragilité, c’est Dieu qui sème, et la semence, c’est le Christ.
Le Semeur est sorti pour semer la Vie et l’Amour. Mais l’Écriture nous parle aussi de la désolation de Dieu se repentant d’avoir créé l’être humain = face à la violence, à la perversion, au désordre, Dieu décide d’en finir ; mais Il ne peut pas se renier ; avec Noé, homme intègre et pieux, avec sa famille et le monde animal, Il prévoit un avenir et redonne à l’humanité le cadeau de poursuivre l’œuvre créatrice des origines, en l’assurant de Sa bénédiction, une nouvelle alliance, dont le signe est l’arc-en-ciel ! En fait, l’arc est un instrument de guerre ! Mais Dieu le suspend dans le ciel et le transfigure en arc-en-ciel, aux couleurs essentielles, celles de la Vie et de l’Amour, confirmant son alliance avec la Création ! L’arc-en-ciel : une parabole qui nous réjouit toutes les fois qu’il se déploie, rappelant la présence de la Lumière, sa priorité heureuse, sa beauté.
Notre monde en grande souffrance, rappelle tellement le temps de la tour de Babel : on y escalade le ciel, on tue la vie, on meurt de faim, tout est à l’extrême, au superlatif : comme une rivale à l’arche de Noé, on vient de mettre à l’eau un paquebot baptisé = « icône des mers » ! Avec l’équipage = 9000 personnes à bord, 360 mètres de long, 7 étages, etc. On utilise le langage religieux pour dire l’indécent.
Dieu n’aura peut-être pas besoin de se donner la peine d’imaginer un nouveau déluge : les hommes vont bien se charger de faire sauter la planète, mais le dernier mot appartiendra à Dieu parce qu’Il ne se renie jamais !
Ne sachant qu’aimer, Il a suspendu son arc à l’arbre de la croix, l’arc-en-ciel de Pâques : l’Amour et la Vie, au siècle des siècles.
Amen.