Homélie du dimanche 26 mai 2024 – Trinité
(Inspirée par un commentaire de Jean Mansir o.p.)
Personne n’a jamais vu Dieu ! Et personne ne peut prétendre comprendre l’être même de Dieu, sa nature, son essence. Il faudrait, pour cela, pouvoir dominer Dieu, en faire le tour en quelque sorte, comme le suggère le verbe «comprendre». Dans tous les cas, Dieu deviendrait comme une projection humaine, une « réduction »…
Alors que, ne l’oublions jamais, tout ce que nous savons de Dieu est ce qu’il a bien voulu nous dire de Lui-Même, par sa Parole et surtout par ses interventions en notre faveur au cours de l’histoire.
Depuis qu’il confia à Moïse ce nom paradoxal que les Juifs ont même toujours refusé de prononcer, YHWH (Yahvé, Jéhovah), c’est-à-dire quelque chose comme «Je suis celui qui est, je suis qui vous verrez bien», si nous en sommes venus, nous les chrétiens, à nommer Dieu Père, Fils et Esprit, c’est uniquement en raison de ce que nous a fait comprendre Jésus lui-même, par sa parole, par sa Pâque. Dieu, personne ne l’a jamais vu: le Fils unique, qui est dans le Père, lui, l’a fait connaître (Jean 1, 18).

Dieu s’est donné à connaître… Il s’agit donc d’une connaissance existentielle, quasi expérimentale, à partir de l’histoire du Salut, et non d’une spéculation intellectuelle. Elle ne prétend pas définir Dieu, mais découvrir son être à partir de son agir pour nous.

– C’est parce que Jésus a parlé de «son Père» et qu’il nous a appris à le prier comme notre Père, que nous osons appeler Dieu Père, que nous lui conférons l’Origine de la Création et l’Accomplissement de toutes choses.
– C’est parce que Jésus nous a promis le Paraclet, envoyé par le Père en son nom (Jn 14, 26) et que ce Défenseur, nous l’avons effectivement reçu en nous, comme une nouvelle création, que nous osons nommer Dieu Esprit…
– C’est parce que Jésus nous a donné à comprendre que Dieu, par amour, a livré au monde son Fils unique (Jean 3, 16), c’est parce que Jésus nous a dit et montré que celui qui l’a vu a vu le Père (Jean 14, 9), que nous osons nommer Dieu Fils.

Et nous le percevons par le comportement de Jésus et de ses disciples: ce Dieu dont notre Sauveur nous a manifesté le Nom, c’est-à-dire donné à comprendre qui Il est (Jn 17, 6.26), ce Dieu est bien l’Unique, le Dieu qui s’est manifesté à Moïse et, avant lui, à Abraham, et, après lui, à tous les prophètes.
– Jésus nous a « seulement » permis de comprendre que cette vie, cet amour agissant que Dieu manifestait aux hommes, il en vivait lui-même, étant en luimême circulation de vie et énergie d’amour. Il nous fait participer à cette Vie !

Les trois lectures de ce dimanche de la Trinité nous donnent justement à redécouvrir ces différents « visages» de Dieu.
La 1re lecture met en scène le Dieu créateur, Origine de toutes choses et particulièrement du Peuple-Témoin qu’il a créé pour lui: Père attentif et exigeant par amour, qui n’a qu’une ambition pour sa Création, son bonheur véritable, qu’elle soit debout.
La 2e lecture met en scène l’Esprit, acteur d’une création nouvelle où les enfants de Dieu sont appelés à devenir des fils adoptifs, héritiers de la gloire réservée au Christ.
L’Évangile de ce jour, quant à lui, met en scène le Fils, à qui tout pouvoir a été donné au ciel et sur la terre, qui transmet sa mission à ses disciples, et, finalement, qui résume toute la Révélation dans la formule baptismale trinitaire qu’il leur confie: Baptisez-les au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Alors il est permis d’essayer de comprendre à la fois Dieu et l’histoire de l’humanité, avec une approche plus dynamique et synthétique des relations entre Dieu et l’humanité, si on les réfère au Mystère de la Trinité, et au mystère de l’histoire.

D’où l’importance de fixer notre regard sur l’engagement de Dieu à travers notre histoire humaine. Voir cette histoire comme traversée par l’énergie divine qui va du Père au Fils, et, réciproquement, de nous situer nous-mêmes au cœur de cette énergie, puisque l’Esprit nous a été donné et qu’il nous est intérieur.
Avons-nous assez conscience de cette énergie de Dieu présente en nous et autour de nous ? Comment l’accueillir et en vivre ?
Amen.

Prière à la Sainte Trinité           Véronique Belen, mai 2016

Dieu Trinité
Trois tu te voulais
Commencement infini
Tu désirais la vie
Seul dans le vide immense
Tu as voulu des astres dans l’infiniment grand
Et des âmes assoiffées quêtant ta transcendance

Tu t’es engendré des enfants
Pour leur être amour et compassion
Les regarder jouer à tes côtés
Te faire avec eux relation

Pour entrer en paternité
Tu t’es donné des entrailles maternelles
Le Verbe et la Sagesse conçus par Volonté
Ont égayé ton Sein éternel

Père juste, tu les as écoutés
Pour créer toutes choses sur terre et dans le ciel
Puissance de vérité du Verbe
Souffle vivifiant de l’Esprit
Tu leur as donné d’engendrer la vie
Tu as tissé des liens, toi l’Ineffable
Avec l’homme de glaise et la femme capable
De s’accueillir de lui mère de tous les vivants

Dieu Trinité, famille du firmament
Tu as versé des larmes de les voir si rebelles
Tu as cherché comment les sauver du Mauvais
Qui s’acharnait déjà à souiller l’œuvre belle

Tu as offert le Fils, Agneau immaculé
Pour souffrir de leur mort jusqu’au bout de ses plaies
Il a gardé la foi dans la déréliction
Certain de la promesse de sa résurrection

Comme un matin nouveau a fleuri son pardon
Et le feu de l’Esprit a jailli sur leurs fronts
Pour porter sa Parole aux confins de la terre
Et offrir à tout homme l’espérance et un Père

Dieu Trinité
Ardent foyer de charité
Tu gardes encore cachés des rais de Vérité
Pour l’heure ultime où toute chair te verra
Aux aurores de justice où tu décideras
De révéler enfin la Gloire de ton Etre
Et le Royaume promis qui ne passera pas

Véronique Belen, site : http://www.histoiredunefoi.fr