Esaï 7, 10 – 15, 1 Corinthiens 15, 20 – 26, Luc 1, 39 – 56

Avec des éléments d’un commentaire de M. Domergue sj

Au fil des siècles, les Églises ont fêté la « dormition » de Marie, c’est-à-dire sa mort dans la paix – endormissement – et la montée auprès de Dieu – « assomption » – de son corps inanimé mais non corrompu par la mort…

Marie meurt donc comme tout le monde, comme son fils. Mais on nous dit qu’elle est prise tout entière, y compris son corps, dans la gloire de Dieu.

Dit comme cela, ce qui arrive à Marie n’est pas tellement différent de ce qui nous arrive à nous, promis que nous sommes à la résurrection. Bien sûr, on nous dira que pour Marie tout est spécial, car elle a porté l’humanité du Christ, un homme sans péché…

Soit, cependant ce qui est « spécial » pour Marie n’est là que pour nous. Marie n’existe pas pour elle-même mais pour le Christ ; et le Christ est celui en lequel nous avons l’être et la vie. Nous sommes pour lui et il est pour nous.

Parler de Marie c’est donc parler du Christ et parler de nous ; parler de Dieu avec nous.

 

La réflexion chrétienne sur Marie a toujours compris qu’elle occupait une place centrale dans le dessein de Dieu selon une double perspective :

à Marie est celle par qui le Christ prend chair ; donc, en quelque sorte, chemin de Dieu jusqu’à nous… même s’il ne faut pas imaginer un fossé a priori entre Dieu et nous, alors qu’il est Celui qui nous porte.

à Marie est aussi celle par qui l’huma­nité accueille Dieu.

A partir de là, on a toujours hésité entre deux perspectives : Qu’est-ce qui fait que Marie occupe une place centrale ?

  1. Est-ce le fait qu’elle a porté le Christ ?
  2. Est-ce le fait qu’elle s’est montrée la croyante typique ?

Ce n’est pas tout à fait la même chose. Si l’on met en premier plan sa maternité, on insiste sur ce qui la rend différente de nous, car il n’y a qu’une mère du Christ. Si l’on insiste sur la qualité de sa foi, on la rapproche de nous : elle vit ce que nous avons tous à vivre pour mettre au monde le Christ…

 

La première lecture du livre d’Esaïe nous dit que le Seigneur donnera un signe à Achaz, roi de Juda, encerclé par l’ennemi : la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, i.e. une descendance royale grâce à l’intervention de Dieu dans une situation apparemment sans issue. – On peut aussi y discerner l’annonce de la venue du Messie grâce à Marie qui va l’enfanter. à Et là, nous sommes dans la première perspective : Marie – habitation de Dieu.

Mais l’Évangile de ce jour nous fait comprendre que ce qui fait Marie ce n’est pas seulement le fait de porter le Christ, mais c’est aussi et avant tout d’avoir « entendu la parole de Dieu » : « Bienheureuse celle qui a cru » dit Élisabeth. Et puis, la lecture de 1 Corinthiens 15 nous parle de la résurrection du Christ, promise à tous les siens. Voilà qui ramène Marie au sort commun, nous invitant à considérer sa mort comme une sorte de cas particulier, exemplaire, de la résurrection.

 

La trajectoire parcourue par Marie est donc représentative de ce qui arrive à l’humanité avec le Christ. Dire que Marie, à sa mort, ne connaît pas la corruption de la mort, est là pour nous dire que Dieu a le dernier mot et que tout se termine en gloire, dans le salut accompli.

Cette trajectoire abou­tit moyennant la foi, l’accueil confiant du don que Dieu nous fait.

Marie, c’est Eve, la Femme mère de la vie ; une Eve qui réussit dans la confiance ce que la première Eve avait raté dans la défiance.

Qui ne comprend pas que nous sommes toutes et tous cette première Eve – et ce pre­mier Adam – qui avons à passer de la non foi à la foi ? Foi en la vie que Dieu nous donne dans le Christ ?

Marie décrit devant nos yeux la route juste du croyant, cet itinéraire par lequel nous permettons à Dieu de venir à notre monde et qui se termine en Dieu, l’origine.

 

Prière de frère Alois du 15.08.2019 : 

 » Dieu de miséricorde, nous te louons pour tous les saints témoins du Christ, depuis les apôtres et la Vierge Marie, jusqu’à ceux d’aujourd’hui.

À leur suite tu nous appelles nous aussi à accueillir ta présence, nous qui sommes des pauvres de l’Évangile. Notre peu de foi y suffit. Amen. «